Le syndrome » Folcoche » n’en finit pas de faire des émules. Le roman le plus célèbre de Bazin aura permis l’émergence de nombreux écrits autobiographiques où plane, imposante et obligatoire, l’ombre de Maman. Mères possessives, mères folles aimantes, mères envahissantes ou mères éreintantes, le catalogue est riche et même inépuisable. Et les romans à ce sujet tout aussi nombreux, comme des preuves de relations humaines et familiales passionnées.
De fait, Vue sur la mère se démarque-t-il de l’imposante bibliographie consacrée à ce sujet ? Oui et non.
Non, car Almendros ne se distingue pas vraiment des autres dans son portrait caustique et revanchard d’une mère dont il n’a jamais pu vraiment se détacher, et ce depuis le début, à moitié étranglé par le cordon ombilical lors de sa naissance. Et tout au long de son début de vie, sa mère n’aura de cesse d’être physiquement et mentalement présente, un Jimmy Cricket parasite et détestable. A ce jeu de massacre de la mère supérieure, Almendros s’en tire maladroitement, offrant peu d’échappatoire à cette femme qui ne se révèle jamais tendre ou essentielle. Pas de demi-teinte chez l’auteur, juste l’envie d’en découdre avec celle qui lui aura bouffé l’enfance. Cruel et acide, en espérant que ce ne soit pas absolument sincère.
Et oui, car Almendros évite le pensum psychologique, le roman à morale insipide, le règlement de compte sérieux et déprimant. Le ton est nerveux, les styles littéraires fusionnent (théâtre, monologue, dialogues) et la fin d’un roman plutôt convenu arrive à surprendre, avec un final père-fils convaincant, et surtout, un épilogue en forme de lettre de fausses excuses adressée à sa génitrice, où Julien sait d’avance ce que va lui reprocher sa maman, mais explique surtout le pourquoi du comment. Une pirouette plutôt douce-amère, mais une pirouette quand même »
Vue sur la mère a tout du réquisitoire léger et pétillant. On attend l’auteur au tournant.
Jean-François Lahorgue
Vue sur la mère
Auteur : Julien Almendros
Editeur : Le Dilettante
126 pages – 14 €¬
Format : 12×18 cm
Parution : août 2008