Z A L E M / ANA / KID CHOCOLAT / THE RAMBLING WHEELS / GREENSHAPE / SWILSON / CASCAO & LADY MARU / DIE ! DIE ! MY DARLING / THE KEYS / DEPTH AFFECT / PIERRE & MARIE
Signé sur un label anglais, ce quatuor d’Angers a choisi un nom d’album en grec ancien, peut-être pour nous signaler que ce disque sera une véritable Odyssée où durant les 110′ que dureront son écoute, on ne rencontrera pas Ulysse certes, mais on vivra des aventures frénétiques voire violentes entrecoupées de longs, moments d’accalmie comme un vaisseau naviguant tranquillement sur les flots entre deux tempêtes. στίγμα, cela veut dire Stigma, , « marqué au fer rouge » en français, un nom qui va bien à Zalem., Entre Explosions in the Sky et Russians Circle, le groupe post-rock, oublie parfois la célèbre, douceur, angevine et n’est , pas contre dès lors balancer, des attaques métal en début ou, , fin de parcours (Inside the dark Nebulae, twin sal, pandemonium redux). La violence n’est pas pourtant pas si gratuite et doit s’appréhender comme un aboutissement nécessaire visant à décharger, enfin !, un trop plein d’énergie. Largement instrumental (mis à part deux courts intermèdes récités par Denis Péan de Lo’Jo), στίγμα,, emmené par un superbe digipack, est bien le genre de disque qui nous aurait bien mis sur le c.. il y a 10 ans. Aujourd’hui, c’est sûr l’engouement ne peut qu’être moindre, le post-rock et, ce genre d’ambiance entre contemplation, obsession et déflagration a été largement proposé par d’autres., Il est difficile pour les jeunes Angevins de vraiment se singulariser (si ce n’est par ce format hors-normes)., On peut , regretter aussi que, Zalem s’écoute parfois un peu trop ; 110′ au total c’est, quand même très long, même si le dernier morceau est un peu à part sur le disque : Panorama ephemera est à la fois plus populaire car chanté et plus radical en devenant carrément post-hardcore à la manière des violents Isis., Mais une telle oeuvre tend à prouver que le post-rock n’était donc pas un effet de mode mais bel et bien une manière pérenne de concevoir la musique et dans le genre, Zalem, est comme un poisson, dans l’eau (trouble)., (3.5) Denis Zorgniotti
Grammatical Records / Novembre 2011
Xavier Renault, est bien le genre de guitariste qui a roulé sa bosse : bon technicien, il a tout joué, du métal au funk. Sa rencontre avec Anabelle Ariane, jolie vocaliste à la voix claire (au timbre proche de l’oubliée Julianna Hatfield), lui permet de débrancher sa guitare et d’exprimer une facette plus sensible de son instrument. L’association voix-guitare ne demande pas d’ornementation supplémentaire. Juste un peu de percussion et parfois un violoncelle, arme souvent fatale pour installer un climat boisé et mélancolique. Certains titres rappelleront les premiers Suzanne Vega et c’est déjà en soi un compliment (Secret garden , remind me twice). On peut regretter parfois quelques lignes de chant un peu affectées et quelques mélodies qui semblent sorties d’un épisode de Dawson (need a friend, take my hand). L’album est en permanence agréable mais ne dépasse pas toujours ce simple sentiment ; il lui manque parfois l’aspérité d’une Kristin Hersh sur Hips and Makers. Il n’empêche dans cet art délicat de la chanson folk dépouillée, Ana s’en sort plutôt bien et même épisodiquement très bien (So love et son violoncelle par temps orageux ; Deserve more affichant une émotion brulante, )., , (3.0) Denis Zorgniotti
Neuronexion / CD1D / Décembre 2011
Le pseudo est d’emblée sympathique et la musique l’est tout autant. Véritable Kaleidoscope, là aussi le nom, n’est pas usurpé, ce troisième album du Suisse fait la part belle aux invités : Tahiti 80, Love Motel, Land of Bingo, Mlle Shalala…La démarche et l’esprit du disque rappelleront le projet Yé Yé, soit la rencontre d’une pop sixties avec une électronique plus actuelle. Petite particularité :, en lieu et place des samples habituels, nous trouvons de vrais instruments (il y a bien une section cuivre, derrière Let’s form a Party ou même la techno tribale de La dernière parade). D’ailleurs, l’album s’ouvre sur un bel instrumental »electronic free » à la pop jazz désuette (Rosemary Brown ‘s ghost). Plus tard, il y aura aussi Generation Admin qui est nettement plus proche des Beach Boys que de Daft Punk et kaleidoscope, vrai berceuse folk sous un ciel étoilé. Le reste est une invitation à la danse, comme A lot of Love (feat Tahiti 80), sorte de Tamla Motown à la sauce électro disco ou I’m Standing entre Joe Jackson et Suicide (?!), comme Square moon qui, sur des rythmes plus chaloupées, aborde le dub dans une fascinante étrangeté, . Une reprise de Unbelievable d’EMF tendance new wave germanique un peu faiblarde mais un excellent Get You dream à la mélancolie diffuse, finalement ça équilibre !, , (3.5) Denis Zorgniotti
Poor Records / Kudos record /Décembre 2011
, THE RAMBLING WHEELS – The 300.000 Cats of Bubastis
Je n’avais pas été super fan de, Furry Tales, le précédent album de ces Suisses bondissants. Taillé pour la scène, l’album ne dépassait pas le stade de l’honnête groupe de power brit pop à la musique archi rabattue. Bref un bon groupe de deuxième division, mais guère plus. A l’écoute des premiers titres de ce nouvel opus, le verdict se préparait à être le même : en dépit de l’arrivée d’un claviériste très présent (apportant, la touche, « Klaxons »), les trois premiers morceaux de, , The 300.000 Cats of Bubastis, tombaient à nouveau dans l’ultra convenue. Pour, les fans acharnés de, Kaiser Chiefs et autre, Razorlight, exclusivement. Pourtant la suite élève, un peu, le niveau de jeu. Cela tient en fait à pas grand chose, des compositions un peu moins bateaux, des structures un peu moins formatées, une écriture un peu plus ambivalente…bref, un groupe un peu plus inspiré qui accouche de bons morceaux (The Egyptian, King,, Hijack an aeroplane, girls with tatoo, et son côté Placebo light et même, Somewhere to go, entre Beatles et Marilyn Manson !). Allez encore un petit effort et vous allez vraiment me plaire , !, (3.0) Denis Zorgniotti
Volvox Music / Rue Stendhal / Janvier 2012
Dieu que ce disque m’aura posé problème !, Exemple d’élégance, folk et de force tranquille, ou, pop un peu soupe figée dans le formol des années 70 ? En fait,, Greenshape alias Régis Israel, c’est un peu tout ça , : un songwriter de talent mais qui évoque aussi, Neil Diamond, ou, Elton John (sur le sirupeux Chloe ‘s house). En tout cas,, le Français nous rappelle que l’équilibre est fragile entre écriture fine et composition fadasse , a fortiori quand on choisit d’arranger son disque de manière très classique, avec cordes, piano électrique et guitares légères. Greenshape joue parfois trop sur cet emballage, classieux et ses propres qualités naturelles et se laisse aller à des mélodies un peu faciles (à l’image du single Feel Better ou de Pound after sound, sorte de Cocoon bis). Rien n’est simple et même certains titres, qui partent dans le convenu d’un James Blunt, trouvent de jolis détours qui arriveraient presque à nous retourner (Please). Quelques bons moments entre rêverie mélancolique et harmonie folk prouvent en tout cas que le Français est capable de bien meilleur, s’il se donnait la peine de se la jouer moins facile (Everglades ou When). (2.5) Denis Zorgniotti
Sober & Gentle / Sony music / Octobre 2011
Sur le papier la bizzarerie du mois avec son leader diplomé en Démonologie à l’Université de Philadelphie, sa batteuse de 14 ans et cette signature, chez, les radicaux belges de Cheap Satanism, Records (les barrés Vitas Guerulaitis, mes oreilles s’en souviennent). Finalement, ce premier album de Swilson est, assez normal. Un peu plus punk dans l’attitude, un peu plus art brut que la normale peut-être mais guère plus…, Comme son nom l’indique, toutes les chansons tournent autour – je vous le donne en mille, ! – des démons. Mais musicalement, on retrouve tour à tour une même sympathie pour le démon que les Rolling Stones (avec les »ouh ouh » réglementaires), des riffs de guitare lourde pour amateur de sabbah noir (Black Sabbath dans le texte), et de pouvoir brut Raw Power (Stooges forever),des arpèges qui ne proviennent pas d’oiseaux de mauvaise augure mais bien des plus fréquentables Byrds ; un vrai catalogue ce qu’a fait le rock d’avant le punk joué à la manière de vrais punks., En fin d’album, Swilson devient même une icône folk mais au sage Dylan, les Américains préfèrent la folie de Daniel Johnson ou de The Mountain Goats. Que voulez-vous on ne se refait pas ? (3.5) Denis Zorgniotti
, Cheap Satanism records / CD1D /Believe /Mandai / Janvier 2012
L’électronique, ça peut être fun ! Emmené par une pochette peinturlurée en rouge et vert, Cascao & Lady Maru restitue dans une version électro-dance le ludisme de Tom Tom Club (Pink Strobe light), l’exotisme de pacotille de Kid Creole and the Coconuts (Burundance, et, The rainbow, avec congas et cuivres, à l’intérieur), les harmonies vocales de Bananarama (Tropical Tasting). Il y a dans le melting pop des Romains beaucoup de la new wave synthético-pop des années 80 : en effet comment ne pas reconnaître l’ombre de Human League derrière, quelques mélodies : cela nous vaut quelques beaux moments : le tubesque Toxic Satellite, le plus vénéneux Dangerous skills. Fantaisiste, coloré et sympathique ! (3.0) Denis Zorgniotti
I’m single records / Novembre 2011
DIE ! DIE ! MY DARLING – The Great Robbery EP
Les trop rares Call me Loretta ont donné des nouvelles en 2011 avec un excellent Mountains and rivers between us. Cet EP est donc comme un cadeau bonus offert par Stéphanie Commenay, chanteuse et guitariste du groupe, ici en compagnie de Pauline Cosgrove. , On retrouve dans Die ! Die ! My Darling, leur projet à deux avant My Imaginary Love beaucoup de ce qui fait l’intérêt de Call me Loretta, des morceaux nerveux, noise aux entournures et inspiré de la new wave de Cure, , mais dans une version à la fois plus mélodique (plus féminine sans doute) et plus lofi : exit basse et batterie et bienvenue boîte à rythme pour un résultat désormais proche de quelques bons représentants de l’écurie Morr music , (Guther, Ms John Soda, ou Masha Qrella). Le chant est empreint d’une naîveté toute juvénile mais derrière les guitares savent être agressives ; comme un chaton aux griffes asserrées. Pour la petite histoire, , le nom de cet EP vient de The Great Train Robbery, (1903), considéré comme le premier western de l’Histoire du cinéma. A la fin du film un bandit à la mine patibulaire y tirait de son colt en direction du public, pour un effroi assuré. Gageons que ces deux demoiselles graciles sauront aussi faire leur petit effet sur leur auditoire. (3.5) Denis Zorgniotti
Dead Bees / Janvier 2012
Si les Martiens venaient un jour sur Terre, ils trouveraient en The Keys un bon résumé de toute la bonne musique produite ici bas. Français vivant à Montréal, Boris Paillard a fait du ska-punk, du rap, de la musique cajun et avec The Keys, il prolonge encore plus ce mélange des genres. C’est sur la route que le songwriter a conçu son album, rencontrant , en chemin des musiciens et enregistrant avec eux ce qui fait aujourd’hui Long Time No Sea. De retour chez lui, il a eu le soutien de Leon Taheny (producteur pour Final Fantasy, Timber Timbre) et de Pierre de Reeder membre de Rilo Kliley, preuve que le Français sait bien s’entourer., , La musique de The Keys, est empreinte de ces voyages (Guadeloupe, Etats-Unis, Canada) et même au delà , le rêve musical de son auteur semblant sans limite : il y a donc là des influences folk, rock, caraibéenne mais aussi jazz, africaine, klezmer…The Keys ressemble parfois à du Beirut débridé (en mieux oserait-on le dire ?) ;, le genre de projet qui fait bouger les lignes et qui montre qu’entre les folklores d’Afrique, d’Europe de l’Est et des Etats Unis, il y a plus que des passerelles., Derrière les cuivres, les cordes, les percussions, les choeurs, la plume fine et la belle voix du Français font le reste et permettent de tenir cette tour de Babel pour ne pas finir en pagaille. The Keys vous donne les clefs du Monde et c’est vraiment bien. (4.0) Denis Zorgniotti
Another Record / Décembre 2011
Avec retard, penchons nous sur le cas , de Depth affect. Draft Battle est le 3e album de ce qu’il faut commencer à nommer une carrière. Les Nantais évoluent tout en restant fidèle à une électronica, mélancolique flirtant parfois avec l’IDM. Les vocaux hip hop qui garnissaient leur précédent effort ont presque totalement disparus. Dans ce monde de rythmiques qui s’entrechoquent et de synthés qui roucoulent, des lignes de chant arrivent à se frayer un chemin poussant Depth Affect un peu plus du côté de la pop : c’est surtout valable sur Matter of Tempo, la perle du disque, ça l’est aussi d’une manière plus tribale sur Sugar honey iced tea (avec voix féminine) ou indiciellement vocodé sur l’excellent Dämmerung. Entre volonté simple de faire danser et création plus complexe de paysages musicaux, les Nantais témoignent toujours d’une belle âme. (4.0) Denis Zorgniotti
Autres Directions / Août 2011
, PIERRE & MARIE – Late in a Day
Pierre Bessero se bat à distance avec Kim pour remporter le titre de songwriter le plus prolifique de France. Late in Day est son nouvel album (on compte même plus) et le deuxième sous le patronyme de Pierre & Marie, le Parisien ayant rencontré sur sa route Marie Jorio, une autre fan de pop folk joliment ouvragée. Franchement, avec Late in Day, on n’est pas encore lassé, mieux on redemande, ! Le couple musical est aussi évident que Simon & Garfunkel, Brian & Dennis (Wilson) ou Iron & Wine. De belles mélodies, des arrangements lofi qui justement les laissent respirer, une voix finalement assez typée et légèrement chevrotante, Pierre & Marie ne révolutionnent pas mais réconfortent et nous confortent dans l’idée que cette musique possède un charme universel encore vivace, , si tant est qu’elle ne, reste pas figée dans le formol. Ce qui est le cas ici. , D’ailleurs, Dried eyes ou Late in a day , s’habille en partie d’électronique sans que l’esprit du groupe ne soit dénaturé et le charme rompu. (4.0) Denis Zorgniotti
French Toast / Décembre 2011