En 2010 quand ils s’appelaient encore Young Michelin, Aline a gagné le concours jeunes pousses des Inrockuptibles. Une paternelle admonestation du bibendum de Clermont-Ferrand et un EP porté par l’imparable »je bois et puis je danse » plus tard; les voici arriver avec un premier album Regarde le ciel petit bijou de rassemblement derrière une esthétique maîtrisée, digérée, appropriée.
L’erreur à commettre, si on veut sentir Romain Guerret et Arnaud Pilard respectivement guitariste aurige ( l’idée d’Aline après une carrière solo sous le nom de Dondolo, c’est lui) et guitariste lead du groupe se crisper en interview, c’est de dire que Aline ressemble à Indochine… Et pourtant après que les deux hommes acceptent du bout des lèvres de signaler que le jeu de guitare des premiers essais des Sirkis se défendent, il faut bien reconnaître que la comparaison facile doit en fait beaucoup plus a la manière qu’a Aline de poser son chant et de le réverbérer qu’à un véritable air de famille musical guitaristique. Aline pioche ses références pop dans les années 80, certes, ils pratiquent une voix de tête chère a Indochine certes aussi, mais la ressemblance s’arrête là .
Aline vise la pop. La vraie, l’anglo-saxonne. Celle des années 80 en France, celle qui marche sur un fil tendu entre efficacité britannique et ravages de la »variété » hexagonale façon Partenaire Particulier. Celle que seule Daho ou Elli & Jacno en fait ont réussi à populariser à l’époque, mais qui comptait déjà dans ses rangs des Christophe et des groupes comme Gamine ou Taxi Girl. Aline recherche le temps où la pop française s’inspirait outre-Manche, et réhabilite l’héritage d’une époque musicale souvent galvaudée même par ceux qui la vécurent. Aline, comme Lescop par exemple, milite pour le droit à l’impression d’une boîte a rythme et le frappé martial de la caisse claire.
Et pourtant, si l’album se révèle loin du concept, et absout de toute »casse-burnerie » en forme de copiage éhonté des années 80, c’est grâce a deux composantes essentielles. D’abord, le jeu de guitare. Le son est énergique, gras, pas avare en riffs. On songe aux Smiths et à l’album Boys Don’t cry des Cure. Déjà ça ce n’est pas si mal comme adjuvant à la formule. Mais il y a dans les mélodies quelques réminiscences des ciels bas de Sarah Records, ou des éthers plombés de Jesus and Mary Chain, preuve que même s’il convoque les eighties, le groupe Aline n’a pas arrêté sa culture musicale sur une esthétique unique.
Il y à ensuite l’écriture. On se rend compte que seule compte la recherche de la pop song intemporelle universelle et générale, et que c’est peut-être pour cette raison que le groupe revient aux années 80 de France. Il y a chez Aline une économie de mots et une évidence des formules qui détache d’autant le groupe des nouvelles chansons françaises apparues au fil des années 90 et 2000. Pas de formule alambiquée, pas d’esprit dandy, pas de langage élitaire. Mieux, on a l’impression qu’Aline s’est astreint a une ascèse du vocabulaire et des formules. Comme s’il fallait parler simple, direct, droit et sans fioriture, pour être capable de convaincre dans un même titre le lecteur de Télérama et celui de vingt minutes, le bobo du canal St Martin ou monsieur Michu de Saint Laurent du Var , le jeune et le vieux, le nanti et le pauvre.
Et moi de signaler en épilogue qu’avec des titres de l’efficacité de Je bois et puis je danse ou elle m’oubliera ( Mais j’aurais pu citer a peu près tout l’album) ils ne sont pas loin d’y arriver. Et notre lecteur audio de crier Aline pour qu’ils reviennent (pardon j’ai pas pu résister).
Denis Verloes
Tracklist
1. Les copains
2. Je bois et puis je danse
3. Maudit garçon
4. Teen whistle
5. Deux hirondelles Écouter
6. Il faut partir
7. Elle et moi
8. Elle m’oubliera
9. Voleur !
10. Obscène
11. Regarde le ciel
12. Les copains (d’anne laplantine)
Label: Idol / Pias
Date de sortie: 7 janvier 2013
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Je bois et puis je danse via Youtube