Pas la peine d’être une vedette pour sortir un Best of qui n’en est pas, tout à fait, un. Les Heureux Accidents célèbre surtout 10 ans d’activisme indépendant pour un collectif folk pas comme les autres (que ce soit comme »collectif » ou comme »folk »).
Car à la base, Yeepee était le seul projet d’Emmanuel Pidoux, drôle de songwriter chantant étonnamment avec une voix de québécois. Le collectif est venu ensuite, au gré des rencontres et de l’évolution d’un projet artistique – dépassant le cadre musical – étant appelé, par essence, , à évoluer. Des heureux accidents que ces rencontres ; , des heureux accidents que ces musiques en perpétuel work in progress qui prennent un malin plaisir à ajouter de l’improvisation à la composition. Pour l’occasion, Emmanuel mais aussi Elsa, Wilja, Benoît, Damien, Nicolas et Joseph ont enregistré trois inédits. Ils ont surtout réenregistré certains titres déjà existants pour en faire des morceaux inédits., Pas vraiment la truc du Collectif que de reprendre telles quelles des choses figées. L’art est ici vivant, vibrant. Comme une, musique folk qui serait attaquée par les diablotins de la musique expérimentale. Ceux-ci sont plus souvent subtils et mesurés mais ils se font néanmoins entendre. Il y a donc des cassures, des ruptures, des sons qui crissent, d’autres qui vibrent, des harmonies mises en boucle. , Autant d’interventions, s’apparentant à des gestes artistiques de réappropriation de la musique : , des vrais moments de pure liberté., Rien, ne coule, totalement de source, et cela fait tout le sel d’une musique par ailleurs façonnée dans les meilleurs matériaux de la folk. Les harmonies sont fragiles et ainsi plus vivantes que jamais. (Le Collectif) Yeepee est autant le fils de Steve Reich (le début de périphérique intérieur), que de Nirvana (la fin pas sage de Passages) et du Velvet Underground (The Skin).
Ces Heureux accidents pourraient apparaître gratuits et , faciles si la base déployée par Yeepee n’était pas aussi belle, porteuse d’une rusticité chaleureuse et reconfortante, et riche d’instrumentations et d’harmonies, y compris vocales. L’on s’en aperçoit, ô combien, dans les moments les plus préservés du disque ; que ce soit sur l’ample l’hiver à Londres (proche de Monogrenade…la voix de Pidoux permettant aussi ce rapprochement) ou sur le plus introverti Snail mail now is poetry . Le titre,, illuminé d’un piano électrique et d’une scie musicale, fait partie de ces petits plaisirs miniatures qui vous touchent profondément. Car, il est question ici plus d’émotion que d’intellect, plus d’intuition que de raison. , Grand disque.
Denis Zorgniotti
Date de sortie : 25 mars 2013
Label : Travelling Music
A noter : le CD est assorti d’un livre de photos de 90 pages résumant les dix ans du collectif