Quatrième album du duo Mansfield.TYA, Corpo Inferno aura marqué de son emprunte l’année 2015 en matière de chanson pop moderne.
Au fil des années, la musique de Mansfield.TYA a mué, s’est ouverte, s’est libérée, pour arriver jusqu’à ce Corpo Inferno, quatrième album et sommet d’une discographie jusqu’à maintenant remarquable.
Musicalement, déjà, le duo a franchi un cap, laissait beaucoup plus de place aux sonorités électroniques qu’à l’accoutumée, avec des sonorités qui se marient ici à merveille avec les cordes, les samples, et surtout avec les voix virevoltantes de Julia Lanoë et Carla Pallone, dégageant au fil des titres une atmosphère étrange, par moment saisissante (La fin des temps), avec, comme chez The Dø, un aspect théâtral qui ressort dans pas mal de chansons, et qui pour le coup apporte un relief incroyable aux textes du duo.
Des textes parlons-en. Incontestablement, ils font partie des plus beaux entendus au cours de cette année 2015 sur un disque chanté en français. On pense bien souvent à Bashung pour cette façon si percutante de faire sonner les mots, avec des histoires étranges et bizarres, entre poésie, abstraction, absurdité (le Dictionnaire Larousse) et purs moments de bravoure littéraire (Les Contemplations, Sodome et Gomorrhe).
Avec ce talent évident pour sortir des phrases qui claquent et composer des refrains aussi bouleversants qu’improbables (Adieu Gibert De Clerc), le tout dans des atmosphères tantôt festives, tantôt dramatiques, tantôt mélancoliques, qui vous saisissent, les deux nantaises viennent de frapper un grand coup, en signant un disque de pop électronique, subtil et racé, sans rien lâcher sur l’exigence artistique qui est la leur depuis toujours. La grande classe.
Benoit RICHARD