Un texto qui part vers le mauvais destinataire. Une vie qui bascule. Des remises en question. Un nouveau départ.
© site officiel David Trueba
Blitz comme l’éclair. De lucidité qui envahit soudain le protagoniste de ce roman. Comme la foudre. Celle qui lui tombe dessus à la faveur d’un coup du sort. Un message de sa compagne, reçu par texto : “Je ne lui ai encore rien dit. C’est si difficile. Je t’aime”. Sauf qu’il ne lui était pas destiné. Geste malheureux de la vie moderne. Qui fait basculer les vies d’une seconde à l’autre. Beto Sanz ne sera plus jamais le même homme…
En plein congrès d’architecture à Munich, notre héros madrilène se retrouve seul avec son désespoir. Commence alors une errance à travers la ville, racontée magistralement par David Trueba. Également réalisateur, on sent l’influence cinématographique sur son écriture. Beto Sanz se perd dans les rues allemandes. Il divague. Il cherche sa route. En quête d’un nouveau départ. Toujours sur le fil, David Trueba nous donne à lire un personnage sensible à la pudeur exacerbée.
Blitz est un drôle de roman. Dont il est difficile de se détacher. L’écriture de David Trueba est touchante. Son personnage très attachant. Il y a de la romance quand Beto Sanz entame une relation sentimentale avec une femme de trente ans son aînée. Une romance sans pudeur, entre attirance et répulsion. Le désir pour une personne plus âgée semble rester un tabou, même en littérature. Mais si le roman ne se focalisait que sur cet aspect de l’histoire, il tomberait bien vite des mains. Il y a aussi du drame social. Si une grande partie de l’intrigue se passe en Allemagne, ce n’est pas anodin. Le regard de David Trueba est acéré sur la situation espagnole récente. La suprématie de l’arrogante Allemagne est soulignée. Nombre d’Espagnols laminés par la crise doivent s’exiler pour survivre. C’est aussi cette histoire-là que raconte l’auteur. Bien loin d’une douce romance.
Delphine Blanchard
Blitz
David Trueba
Traduit par Anne Plantagenet
Éditeur : Flammarion
176 pages, 18 €
Date de parution : février 2016