Une rencontre, 3 filles, 1 garçon qui se mettent à faire de la musique et qui réussissent leur album, avec des mélodies qui trottent dans la tête, de superbes voix, des guitares et synthés suffisamment acides pour relever le tout. Vraiment une belle réussite.
Vous aimez les chiens ? Vous en avez un ? Et vous l’avez certainement déjà emmené dans un de ces jardins à chien, un de ces dog parks qui égayent nos villes… la prochaine fois, vous pourrez y aller avec la K7 de cet album glissée dans votre walkman®, et vous ne le regretterez pas ! Et si vous n’aimez pas les chiens, vous pouvez aussi écouter l’album de ce groupe, Dog Park donc, né d’une rencontre, à une époque si lointaine, et si irréelle que tout semblait permis. C’était la fin d’une pandémie, et on recommençait à sortir. Mais on ne se met pas ensemble à écrire à des chansons et à jouer ensemble juste parce qu’on se rencontre. Il faut bien quelque chose qui fasse de quatre personnes un groupe. Et même si ce ne sera que pour une fois, qui sait après tout, Erica, Isabella, Sarah et Jean ont bien ce quelque chose qui leur permet de sortir un bien bel album, homogène dans son hétérogénéité ou dans sa variété. La façon de travailler du groupe n’est pas pour rien dans cette réussite, qui consiste à mettre en commun des débuts chansons qui ne s’épanouissent que parce que chacun et chacune y apporte sa propre sensibilité.
Il y a 10 morceaux sur ce Festina Lente, 10 morceaux baignés par un soleil déjà froid, un soleil qui se couche sur des moments cassés, des moments qu’on n’aurait peut-être pas voulus vivre, ruptures, échecs et relations qui se terminent, soirées alcoolisées et vides. Bref, de prime abord (déprime abord), il se dégage une certaine tristesse, un peu plus (ou moins) que de la mélancolie à l’écoute de l’album. Ce ne sont pas seulement les paroles qui provoquent ce sentiment. Les mélodies, qui sont toutes réussies, les compositions, les arrangements, portent parfaitement les morceaux et contribuent à créer cette ambiance entre ombre et soleil, entre chaud et froid. Mais cette tristesse/mélancolie/déprime sonne bien, elle est agréable à l’oreille et presque réjouissante.
On ne sait pas forcément par quoi commencer, qu’est-ce qui attire le plus l’oreille d’abord… une certaine et trompeuse simplicité, des guitares qui semblent souvent comme désaccordées ou des synthés qui sonnent faux (après tout, si c’est pour parler de rupture…). C’est presque une marque de fabrique de l‘album, le côté acide des synthés et des guitares et le côté tiède et caressant des mélodies. Plaisant et entêtant. Comment arriver à jouer faux et sérieux à la fois ? On a l’impression que le groupe est en train de lâcher prise, de laisser la musique s’échapper. Mais non, Dog Park est tout en maîtrise, contrôle les sentiments et les instruments. Ça marche, très bien même.
Comme sur Trial and Error, où le solo complètement bancal qui est parfaitement réjouissant. Ou sur Goldfish, avec son accompagnement qui déraille aussi, cette mélodie entraînante et presque sautillante, entre country, folk et pop, et qui raconte pourtant une histoire de rupture, et même Sunny Decadence mélange aussi une mélodie parfaite et ce synthé qui déraille bien faux, comme encore Time et Kaleidoscope – deux morceaux vraiment très bons, structure pop classique, mélodie est imparable, refrains qui restent bien dans l’oreille, accompagnements dynamiques et nerveux. Dans le genre peut-être, la palme irait peut-être à l’excellent Rewind, qui ouvre l’album, est un de ses meilleurs morceaux, une vraiment superbe mélodie chantée par une belle voix, portée par une basse bien présente et quelques accords de guitare acides – on regrette que cela s’arrête, vraiment. Surtout que le morceau d’après change radicalement. Un des morceaux surprenants de l’album, un peu décalé, même ambiance, un peu triste, lent, mais la voix entre pop brésilienne, entrelacs moyen-orientaux et dérive psychédélique. Le groupe a l’air d’essayer quelque chose d’un peu différent, peut-être pour un prochain album…
Alain Marciano