5+5 = les disques préférés de Eric Chenaux

Eric Chenaux vient de sortir un nouvel album en trio, Delights Of My Life. On saute sur l’occasion pour faire plus ample connaissance avec ce chanteur et musicien canadien, à travers une sélection de 10 albums, plutôt orientés jazz.

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Avec Eric Chenaux, on a toujours un peu de mal à savoir dans quelle rubrique ranger ses albums : pop ou jazz ? Le mieux, c’est encore entre les deux… ou bien dans aucune case, tant sa musique reste toujours aussi singulière et inclassable. A travers cette sélection de disques, on découvre les goûts et les influences du chanteur et guitariste canadien à 10 albums commentés à sa manière…

Tout d’abord.
J’ai toujours eu un peu de mal à me souvenir de toutes les choses que j’aime.
L’amour a une façon de se cacher dans les coins.
De se tenir à l’écart.
Et de surgir de nulle part comme une vague.
Et comme le monde le veut,
ces derniers temps,
j’ai souvent dressé la liste de mes disques préférés
(du moment et de toujours).
Je crois que je comprends pourquoi.
Et bon, j’aime bien les listes.
Alors, allons-y, d’accord ?

5 disques du moment :

Bòsc – Bòsc

Mariette et moi l’attendions depuis longtemps !
Une merveille.
Une musique traditionnelle psychédéliquement déchirée et radicalement recomposée dans ce que Rosi Braidotti pourrait appeler un monde de Sujets Nomades.

Prince Far I – Cry Tuff Chants on U

C’est le reggae jamaicain/anglais “ as wild as it gets”.
Tous les volumes de Cry Tuff sont stupéfiants.
C’est épais.
Tropical.

Leoni Leoni – Leoni Leoni

Ok.
J’ai entendu Leoni Leoni pour la première fois lors d’un concert à La Calade à Uzerche.
Des synthés en sourdine et des rythmes brisés.
Des cadences mélodiques singulières.
Cette musique vit dans un monde harmonique qui n’est pas très éloigné de la musique de Robert Wyatt.
Oui, c’est aussi joli que ça !
Et puis, la chanson Yellow and White –
Woah !

Martin Arnold – Flax

Martin Arnold est mon musicien préféré de tous les temps.
(Alors, mauvaise liste ?)
Et actuellement.
(ah, ok !)
Flax est son dernier disque.
Une longue mélodie pour piano.
La musique de Martin est une rencontre avec des mondes doux de psychédélisme dans tous les sens.
Ses mélodies sans fin — radicales sans être conflictuelles.
La radicalité n’a pas besoin d’être caustique !
J’entends beaucoup de musiques dans les musiques de Martin.
Psychédélique-Lounge-Chamber-Shaggs-Ars Nova.

Ahmad Jamal Trio – The Legendary 1958 Pershing Lounge & Spotlite Club Performances

Martin Arnold mentionne ces enregistrements dans les notes de pochette de Flax.
Une belle association, comme on dit.
Et comme Martin le mentionne à propos de Flax, Ahmad Jamal joue principalement dans le registre supérieur du piano.
Cette musique flotte.

5 disques pour toujours :

Gavin Bryars et Christopher Hobbs – Ensemble Pieces

« Mind-altering »
La première fois que j’ai entendu la pièce « 1, 2, 1-2-3-4 » de Gavin Bryars, tirée de ce disque, j’ai été subjugué.
Et ma musique aspire à la rêverie de cette musique.

Betty Carter – Inside Betty Carter

En matière de voix humaine, il n’y a pas mieux.
Un monstre avec des cadences que je n’ai jamais entendues auparavant.
Sa bouche s’ouvre et des mondes émergent.
Et c’est son disque préféré.

Archie Shepp –  Blasé

Et puis il y a Jeanne Lee, qui chante sur ce disque.
Tout ce que je viens de dire sur Betty Carter, je peux le répéter pour Jeanne Lee.
N’hésitez pas à écouter la version de «Sophisticated Lady ».
Je ne sais pas trop pourquoi je devrais choisir mon solo de saxophone préféré de tous les temps, mais si je devais le faire, je dirais certainement celui de « Sophisticated Lady ».
L’ensemble du disque est magnifiquement déséquilibré.

Dionne Warwick – Anyone Who Had A Heart

Nous approchons de la fin et je ne sais pas vraiment quels disques ajouter.
Mais j’ai beaucoup écouté celui-ci.
Il me permettra peut-être de dire à quel point la musique pop peut être psychédélique.
Surtout lorsqu’elle est écrite et arrangée par Burt Bacharach et chantée par Dionne Warwick.
L’une des raisons pour lesquelles j’improvise est que je ne peux pas composer comme Burt Bacharach.
Si je le pouvais, je le ferais probablement.
La seule façon pour moi de m’approcher des détails que j’entends dans ces arrangements est d’improviser.

Robert Ashley – Private Parts

Il n’y a rien au monde qui ressemble à ce disque.
La voix de Robert Ashley, son rythme, sa cadence et la prose féroce interprétée sur des tablas et des claviers floral-lounge est une rencontre si singulière qu’elle semble être une belle façon de finir de parler du merveilleux de l’écoute. J’ai écouté un album de Anti-Pop Consortium hier soir avec Mariette et il y avais des moments ou j’ai pensé à Robert Ashley. Peut-être quand on expérimente avec le son parlé anglais-americain on n’est jamais loin de la présence de Robert Ashley.

Eric Chenaux Trio – Delights Of My Life
Label : Constellation / Murailles Music 
Date de sortie : 31 mai 2024

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