Une
fois n’est pas coutume, commençons cette chronique
par un mea-culpa. Un énorme mea-culpa. Voire même
plus. Explication : Il y a de cela quelques mois,
un courrier de Greed Recordings informe votre serviteur
de la sortie du nouvel album de Moonman et y
joint une copie de l’album. La pochette a de la gueule
avec son style bédé et ses tons orangés, la rapide
biographie plutôt bien écrite donne envie. Et puis,
contre toute attente, le disque finit par atterrir sur
la pile des disques « à chroniquer ». Et
rapidement, ce sont d’autres albums qui viennent
s’empiler sur ce Necessary Alibis qui se fait
rapidement oublier sans même avoir été écouté (!).
Un comble.
Les
mois passent, 2006 tire sa révérence, 2007 se présente
à la porte et, avec elle, son lot de résolutions, dont
celle de « chroniquer vite et mieux ». Et le
disque refait surface. Et finit par arriver dans les
oreilles de l’auteur de ses lignes. Qui prend à ce
moment là un uppercut en pleine pommette. Une fracture
nette de l’œil droit comme disait l’autre.
Ce
disque est un petit chef d’œuvre. Ni plus ni moins.
Et au risque de chagriner les esprits chafouins, ce
qualificatif a été choisi tout sauf à la légère.
Mooman
donc. Et un deuxième album pour cet Amiénois, après
un premier essai electro-pop en 2003 (voir par
ailleurs). Ici changement de registre : on passe à
un indie-rock des plus efficaces qui soit. Les guitares
et la basse sonnent clairement, la batterie est juste évidente.
Quant à la voix, même si on se rend vite compte que
notre homme est français avec ce non-accent qui nous
est cher, elle n’est pas du tout gênante. Et la
production, soignée là aussi, est assez subtile et
permet de ne pas se focaliser sur celle-ci.
Naviguant
entre Sebadoh (periode Harmacy), Blonde
Redhead (les premiers albums du groupe sont ici une
référence évidente) et même Sonic Youth –
ce, aussi bien dans leurs albums les plus « pop »
(ou les moins rock) que dans leurs passages les plus déstructurés
et bruitistes (la quadrilogie impressionnante de Team
of Secret Rivals en est l’exemple parfait), Necessary
Alibis aligne les mélodies entêtantes et les riffs
mémorables, que Moonman réhausse parfois d’un cuivre
ou de quelques cordes du meilleur effet.
Même
si ce disque aurait du avoir les honneurs d’une
chronique dans ces pages bien plus tôt, on se réjouira
avant tout de la découverte d’un tel album, même sur
le tard. Ainsi que de tenir, pour une fois, ses résolutions
du nouvel an.
Ce
deuxième album de Moonman est une claque
monstrueuse. Une preuve que l’indie-rock de qualité
et qui sonne juste n’est pas que l’apanage des
anglo-saxons. Et qu’en France, il existe des
alternatives à un rock français, qui n’arrive pas à
se dépêtrer de l’ombre toujours omniprésente de Noir
Désir.
Olivier
Combes
Tracklist :
01
- Necessary Alibis
02
- Careless Cigarette Burn
03
- Mascara And Glitch
04
- Self-Made Man
05
- Victim Of Your Own Device
06
- Everything Is Kind Of Grey
07
- Female Democracy
08
- Lipstick Rebel
09
- Smother
10
- Bunch Of Liars
11
- Team Of Secret Rivals:
part.
1 : a frantic belch of supernova
part.
2 : an ache in waiting
part.
3 : the dropping elevator
part.
4 : the bloom of an unexpected explosion
Date de sortie : 10 septembre 2006
Plus+
www.myspace.com/moonmanandtheunlikelyorchestra
www.greed-recordings.com
www.coddistribution.com
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