Arca
- angles
Disques
du Soleil et de l'Acier/Chronowax – 2003
Comme
à Télérama ici à Benzine on aime aussi
beaucoup Sylvain Chauveau. Et à chaque fois
qu’il est à l'origine d'un nouvel album, que ce soit sous son nom ou sous
celui de Micro:mega ou Arca, c’est
toujours un plaisir pour nous de l’écouter et d’en parler.
Cette
fois-ci, donc, c’est en compagnie de son ami Joan Cambon qu’il refait surface avec un second album d’Arca
Angles dans lequel les deux musiciens poursuivent
leur introspection du contemporain de la même manière
qu’ils l’avaient fait pour Cinématique,
sorti en 2001.
Dans une veine post-rock de bon aloi, Angles
s’impose d’entrée comme un album d’une incroyable
richesse tant musicale que sémantique. Composé avec
des instruments classiques (basse, batterie, violon,
piano, guitare) et de boucles lancinantes, les dix
compostions de cet album marquent une nouvelle étape
dans le travail entrepris par Chauveau et Cambon.
Sans tomber dans la redite du premier, ils vont plus
loin dans leur interprétation des médias en utilisant
des échantillons sonores issues de journaux télévisés, mais aussi
de films tels que Journal des affaires en cours
de Philippe Harel et Denis robert ou
encore de classiques signés Sam Peckinpah ou du
récent et terrifiant Kairo du jeune Kiyoshi
Kurosawa.
Faisant la
part belle aux ambiances urbaines, Angles ne se contente
pas de réciter sa leçon et de parcourir les
sentiers balisés mais nous immerge totalement dans son
univers toujours très personnel, dans ses profondeurs musicales
complexes et passionnantes. Dans le morceau Endormir
les hommes (sans doute un des plus beaux titres de
l’album) on entend la voix fragile de Denis robert qui
nous parle du métier de journaliste. Belle
réussite de metteur en son puisque la
musique d’Arca colle parfaitement bien à la
voix de Denis Robert, un homme en perpétuelle
recherche de réponses aux questions qu’il se pose sur
le fonctionnement de l’économie et de nos nouvelles
sociétés.
Qu’on le veuille ou non, Angles
est un disque politique tout comme l’était Cinématique
il y a deux ans. Engagé, certes dans une démarche
intellectuelle mais finalement très accessible et sans
barrière, Arca parvient à exposer son point de
vue et ses idées de manière élégante et sans excès,
avec beaucoup de talent et une mise en en son
impeccable.
Disque totalement dans son époque, témoin
de son temps, Angles est un remarquable objet de
réflexion dans lequel la musique n’en perd pas moins
toute sa force. Riche, superbement arrangée, sans
aucune surenchère vers le tout expérimental, (chose
que le pourrait craindre dans ce genre de démarche) la
musique d’Arca offre une superbe illustration
sonore à l’épigraphe que l’on retrouve au milieu
du livret et qui dit "L’information est
subjective, elle oublie le reste du monde est perd peu
à peu ses racines . Elle devient jetable et efface
ses ramifications."
A
vos stylos, à vos copies ! On ramasse dans deux heures.
Benoît
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