De temps en temps on s’amuse à faire pêter un plomb à notre coordinateur en chef. l’année dernière il a avalé sa cravate et perdu ses derniers cheveux lorsqu’on est arrivé avec une chronique vantant les qualités d’une artiste encore quasi inconnue : Anaîs, dont on a défendu l’album qui a depuis connu le succès que l’on sait. On prétendait qu’au delà de la blague, au delà des tics variétoches un peu faciles, on y voyait un album gentiment fédérateur. Un de ces cross over assez rare entre grand public et public pointu. Alors vite, tant qu’il a le dos tourné, on réitère avec l’album d’Elodie Frégé.
Mais siiiiii l’académicienne star qui a partagé son magot télévisuel avec un crooner polonais qui volait des oranges du marchand.Elodie Frégé revient, donc, avec un second album. Le premier ne nous avait, il faut dire laissé aucun souvenir. Et ce n’est pas un clip réalise par l’ex-star indé Catherine Breillat qui sauvait l’opus d’un naufrage d’indifférence où ne surnageait que son joli minois et un vrai brin de voix. Mais rien qui fasse un » personnage » une » créature musicale « . La donne, sur ce second album est en train de changer, même si la mue n’est pas définitive. Passons d’abord sur ce qui n’est pas loin de nous saouler au fil de cet album : ben euh en fait c’est aussi ce qui ailleurs, fait la qualité de la chanteuse : sa voix. A force de s’amuser à jouer de son organe, dans la palette de ses possibles, du grave à l’aigu ; elle semble appliquer une certaine » formule » qui confine à la lassitude, quand les titres perdent, parfois, de leur tempo, de leur force rédactionnelle ou de leur intérêt. Une écriture qui d’ailleurs parfois, à trop rechercher la phrase parfaite, le mot malin, le vocabulaire riche perd l’auditeur lambda (moi quoi) obligé de lire les notes de pochette pour comprendre certaines des phrases qui auraient gagné à plus de simplicité.
Oui mais, c’est pourtant le passage à cette jolie pochette qui nous titille l’esprit et nous ouvre les clés d’une » nouvelle Elodie » ou plutôt d’une Elodie en devenir. Il y a d’abord les visuels. Entre guitare en bandouillères et cuissardes, entre glamour et dieu créa la femme, Elodie Frégé a décidé de se placer sous l’égide de Bardot et Monroe qu’elle remercie d’évidente façon dans les crédits de l’album. Objectivement, sa plastique et ce que la jeune femme dégage d’aura naissante se prètent bien à cet imaginaire. Une demi réussite déjà .
Et puis »en se plongeant plus avant dans les notes de pochette, on remarque que Dominique Blanc Francard s’est occupé de ce mix et du mastering de cet album avec ce côté clinique du son qu’on lui connaît. On remarque aussi que miss Frégé remercie un Florent Marchet qu’on a du mal à imaginer dans les coulisses de la Star ac, Jaco Van Dormaelpour le clip de la ceinture, feu Jacques Lanzman pour la fidélité, et Keren Ann, pour si je reste, Serge Gainsbourg repris dans le velours des vierges«
Et forcément quand on cite le grand Serge, Benjamin Biolay n’est jamais loin. Pygmalion d’une star académicienne en voie de repentance, Biolay se refait, rien que pour lui (et pour nous aussi un peu quand la formule prend) le coup de Bardot / Gainsbourg. Auteur des paroles les plus inspirées -l’écriture d’Elodie Frégé est encore trop inégale pour transformer l’essai seule sur la longueur d’un album – ; il parvient dans les meilleurs moments de l’album à canaliser le sex appeal d’une blonde parfaite, naturelle et attrayante dotée par la nature d’atours charnels et d’un organe vocal qu’elle promène à l’envi. Ce façonnage donne du bon Biolay, pas du très grand, juste du bon qui trouve le dosage juste sur les titres la ceinture, le jeu des 7 erreurs, si je reste« BB parvient à y associer la voix de la miss, des paroles aux confins entre la variété et la pop, des arrangements orchestraux discrets mais présents que n’auraient pas renié Serge et Vannier et une efficacité mélodique qui rend ces titres immédiatement fredonnables.
Alors oui certes, ce n’est pas l’album de l’année, ni celui qui réconcilie votre serviteur avec la variété française, mais il faut reconnaître que le jeu des 7 erreurs marque le vrai départ d’Elodie Frégé dans le monde de la chanson crédible, même si elle ne tient pas encore la distance sur toute la longueur de l’album et si quelques longueurs pointent le bout de leur nez pour tout qui n’est pas un fan conquis. Reste que dans les titres réussis on sent l’ombre de Serge G »Biolay et sa subtile capacité à transformer un art mineur en une redoutable machine à chanter.
Denis Verloes
Tracklist
01. La Ceinture
02. Fous De Rien
03. La Fidélité
04. Douce Vie
05. Le Jeu Des 7 Erreurs
06. Le Velours Des Vierges
07. Pas Là Souvent
08. Chez Moi
09. Si Je Reste (Un Peu)
10. Est-Ce Que Tu Le Sais ?
11. Je Sais Jamais
12. Il En Faut
13. A Celle
14. Les Rideaux
Durée : 53.’ 53.’.’
Date de sortie : 25/09/2006
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