Auteur reconnu en Italie pour ses romans policiers à succès, Massimo Carlotto collabore cette fois avec le dessinateur (italien lui-aussi) Igort, pour une adaptation en bande dessinée des fameuses aventures de l’alligator. ici trois détectives privés, au passé plus que louche, qui acceptent une mission : retrouver les traces d’une mystérieuse chanteuse, maîtresse de Beppe Sainas (un riche restaurateur pas très clair) et qui a disparu sans crier gare.
D.’emblée, on est saisi par la qualité de ce livre. D.’abord graphique, avec un dessin (en bichromie) aussi mélancolique que poétique signé Igort, qui comme il le dit lui-même à la toute fin du livre : »un dessin où les lumières servent à définir les atmosphères et le ton du récit ». et puis, il y a le récit, qui s’inscrit pleinement dans la tradition du roman noir (amitiés viriles, gros bras, bars de nuit, jolies filles, amour, trahison »), un genre qui nous ramène évidemment à la série Noire de Gallimard avec Dashiell Hammet, James Cain ou au cinéma à Jean-Pierre Melville.
On découvre également un scénario assez classique, forcément, mais qui, grâce à l’alchimie qui se créée entre le dessine d’igort et les mots de Carlotto parvient à donner quelque chose de vraiment passionnant. Bref de la série noire pur jus mise en image par un trait au crayon, à la fois souple et sombre, avec un gros travail sur les ombres… que sont tous ces personnages fantômes.
Un livre que l’on rangera tout près du sang des voyous de Loustal & Paringaux. Deux livres assez proches dans l’esprit et dans le traitement, que l’on ne peut que recommander aux amateurs du genre.
[4.0]
Benoît Richard
Casterman/Ecritures – 140p, 12.95€¬
Date de parution : 26/04/2007