THX 1138 (Director s Cut)

426_thx.jpgQui est George Lucas, à  part le réalisateur paresseux de la Saga Star Wars ? Un Businessman. Un producteur. Un homme qui a su exploiter le consumérisme des fans de guerres, d’étoiles, et de robots, pour en tirer aujourd’hui une fortune conséquente. Mon portrait sévère est alimenté par la déception de voir la veulerie contaminer le jeune George, auteur d’un film ambitieux et intègre à  l’aune des décadentes seventies.


Ca tombe bien, il ressort aujourd’hui, dans une version Director.’s cut, agrémentés de nouvelle scènes en synthèse 3D. Dernières roublardises de  » barbe-blanche, coupable de manoeuvres identiques lors de la ressortie des premiers Stars Wars à  la fin de 90.’s.Quid de THX 1138 ? Ce film de science Fiction fleure bon les années 60 ou 70 et les craintes de la société de contrôle (Alphaville/Godard, 2001 l’odyssée de l’espace/Kubrick, Le Soleil Vert/Fleischer) mais déjà  très présente dans la littérature : 1984 ou la matrice souveraine des films de sciences fictions postérieurs au livre de Georges Orwell. l’autre Georges, jeune cinéaste, signe ainsi une oeuvre d’anticipation sur la déshumanisation d’une société où le corps semble s’effacer dans la blancheur clinique d’un monde souterrain aseptisé, rigide et sans issue. THX 1138 est un code identifiant un individu. Joué par Robert Duvall (rasé, ressemblant au De Niro de Taxi Driver !), ce personnage aliéné assemble les pièces de robots, destiné (ironiquement) à  devenir les répresseurs de l’ordre moral. Mais, perdant le contrôle, il cause un incident sur la chaîne de production. Déjà  surveillé pour ses transgressions sexuelles, il est alors envoyé en prison. De là , il tente de s’échapper pour retrouver son amour répondant au doux nom de LUH 3417.
Synopsis classique de Science Fiction, le film ravive les grands thèmes du genre : aliénation, surveillance, déshumanisation, fascisme. Ce n’est donc pas tant l’histoire qu’il faut mettre en avant, histoire qu’il déclinera dans l’univers de Star Wars, mais l’ambition d’un premier long métrage à  la mise en scène éprouvante mais audacieuse.

Le film s’appuie sur l’idée d’un retour à  la Nature, à  l’organique. Seule issue au fluide vital, pour sortir les individus d’une torpeur dépigmentée. Les premiers spasmes de révoltes de THX se traduisent par la déréglementation sociale de son corps : ne se soumettant plus aux différentes drogues assommantes, il se délivre du mal en jouissant du corps de sa femme. Les confessionnels n’y pourront rien, l’icône de Jésus verra son pécheur possédé par les pulsions naturelles de sa chair. Les yeux révulsés de THX défieront une dernière fois l’ordre établi, et il sera, de suite, enfermé. C.’est de cet endroit que le désir de fuir et de retrouver son humanité originelle vient ébranler le personnage.
La mise en scène de G. Lucas renverse la symbolique usuel de la pureté religieuse du blanc. La couleur absolue habite le film d’une présence angoissante, dangereuse. Agressive pour le spectateur du cinéma, ébloui par cette luminosité aveuglante, elle obscurcit les perspectives des individus. Aucun champ d’action possible en dehors du travail à  la chaîne, et d’un quotidien claustrophobe. Et lorsque les personnages sont emprisonnés, ceux-ci sont condamnés à  un îlot de coussin dans un désert blanc. Ecrasés par la blancheur psychiatrique du lieu, ils ne voient plus la sortie, même lorsque celle-ci est très proche.
Un hologramme devenu humain leur montrera la voie, car lui sait déjà  qu’il faut reconquérir la chair pour espérer la liberté. Ces trois personnages arriveront à  s’échapper par les circonvolutions organiques qui viennent se greffer à  ce monde figé sous la chaux glacée. Toutes les veines de la circulation viennent profiter à  ces fugueurs comme le signe d’une vitalité reconquise : les couloirs, les égouts, les routes, les métros se multiplient dans un univers qui se tâche de la saleté du corps, salvatrice. Bien sur, ces conduits servent d’échappatoires à  ces hommes, mais symbolisent par là  même le retour à  la Nature, à  la lumière pourpre du soleil.
Et, on constate avec étonnement, que le nouvelles images de synthèses crées pour le Director.’s cut viennent consolider cette chair : singes, ou circulation, renforcent l’organicité marginale de cette société. La matière vitale est ici paradoxalement numérique !

THX 1138 développe les thèmes classiques du genre, mais avec une audace de mise en scène qui nous manque aujourd’hui lorsqu’on regarde les Star Wars. Son film de 1971 dénonçait les travers d’une société qui s’abandonnait au consumérisme. Quelques années plus tard, George Lucas s’engraissait royalement sur les ventes astronomiques de produits dérivés de l’univers de la guerre des étoiles. Aigri par l’échec de son premier film, George Lucas s’est peu à  peu vendu au divertissement, devenant l’icône bien malgré lui, de l’exploitation outrancière de sa réussite. Car il faut bien reconnaître les vertus de ses trilogies, mais au vu de son premier film de Science Fiction, il est difficile de s’imaginer une quelconque filiation stylistique.
[4.0]
Maxime Cazin

Film de de George Lucas – 1h28 – Sortie le 13 Juin 2007
Avec Robet Duvall, Donald Pleasance, Maggie McOmie…

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www.thx1138movie.com