On s’y fera, de Zoyâ Pirzâd

Onsyfera.jpgDeuxième roman de la remarquable Zoyâ Pirzâd, auteur de »Comme tous les après-midi »…
L’histoire se passe en Iran et concerne beaucoup les femmes et leur quotidien. On suit Arezou Sarem, 41 ans, divorcée d’un homme qui vit en France, mère d’une fille de 19 ans, Ayeh. Elle est responsable d’une agence immobilière, héritée à  la mort de son père, et qu’elle dirige avec dextérité avec son amie Shirine.
Un jour, cette dernière envoie Arezou pour une mission ordinaire : s’occuper d’un client et lui faire la visite d’une maison qui n’est pas dans ses cordes. La rencontre avec Zardjou est un peu grinçante, car Arezou est persuadée de perdre son temps. De plus, ce type ne lui fait ni chaud ni froid. Aussi sera-t-elle fort surprise de signer l’accord de vente avec cet homme, et encore plus de constater qu’il la courtise savamment ! Shirine l’encourage, y voyant une façon de se changer les idées.
Car Arezou est une femme dépassée par ses proches, entre sa fille têtue et soupe au lait, et sa mère surnommée La Princesse, elle a l’intuition de ne pas être à  la hauteur, d’être oppressée par ces deux ogresses.

« On s’y fera » est en somme un portrait de femmes, au pluriel. On y découvre le quotidien d’une femme émancipée mais liée pieds et mains par des liens d’affection plus tordus qu’on ne l’imagine. La pression sociale est cachée, on admet une femme indépendante, qui travaille, divorcée, élevant seule sa fille, etc. Or, les seules à  ne pas lui pardonner ce non-conformisme sont les régentes du foyer familial !
Il sera encore plus difficile pour Arezou de faire accepter l’intrusion de Zardjou dans ce schéma complexe.

La vie des Iraniennes est écrite en pointillés, surtout à  travers les rencontres d’Arezou, dans un autocar fréquenté par des femmes moins chanceuses qu’elle, ou dans un centre commercial avec la police des moeurs.
Mais on retiendra surtout la volonté de cette femme à  vouloir prendre son avenir en mains, à  se souhaiter une chance de réussir, à  braver celles qui font de sa vie une prison dorée. Sans doute le ton est moins poétique que dans son recueil de nouvelles, toutefois il y a une belle dynamique, une euphorie qui est contagieuse et touche le lecteur. La fin du roman paraît toutefois plus lente et pondérée, opérant une légère cassure dans le récit, toutefois cela n’altère pas du tout la rafraîchissante impression que procure la lecture !

Stéphanie Verlingue

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On s’y fera, de Zoyâ Pirzâd
Editeur Zulma, 320 pages, 19.50€¬

date de publication : 23 août 2007

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