Même si le label strasbourgeois Herzfeld s’est jusque là fait discret, y compris dans ces pages, il serait dommageable de ne pas vanter rétrospectivement les qualités intrinsèques des albums de T, Buggy, Lauter et Loyola ; lesquels constituent un catalogue certes maigrelet, mais sans faute de goût.
Et après avoir ramassé en pleine face un tube de l’envergure de Sweet emptiness, qui ouvre cet album éponyme de Drey, on se dit que la faute n’est pas sur le point d’être commise. Avec sa basse ronde et profonde, sa batterie enlevée et inventive, ses guitares pertinentes tant dans la luminosité que dans la noirceur, et ses contre-chants livrés par 3 des protagonistes, ce titre ravive violemment les cendres d’une new-wave fédératrice. Et c’est tout naturellement qu’avec une entrée en matière pareille, et quelques autres titres comme City lights ou le syncopé Velvet war, le parallèle avec I Love You But I’ve Chosen Darkness s’établit. Même puissance mélodique obscure, même envoûtement. Mais là où la musique des texans avait tendance à être desservie par une production hypertrophiée, celle des français Boris Kohlmayer (Lauter), Vincent Robert (Loyola, Buggy), Samuel Colard et Pascal Gully conserve une nudité qui préserve et souligne tous ses reliefs.
Mais le parallélisme est déviant : Drey s’égare sur des plages ralenties tirant leur inspiration dans le psychédélisme cher à Syd Barrett (The downer, ou plus encore Sleepwalker, enrobés de nappes analogiques, piano Rhodes et harmoniques de guitare), ou à l’exact opposé, s’élance dans une course poursuite sonique (Agitation of spirit).
Un album modestement classe, dont le contenant rudimentaire ne doit pas voiler les incontestables qualités du contenu.
Sébastien Radiguet
Herzfeld
Tracklist
01. Sweet emptiness
02. In the nuthouse
03. City lights
04. The downer
05. Sleepwalker
06. Velvet war
07. Wrong
08. Agitation of spirit
09. Threads
Durée : 42’56
Sortie : 15 septembre 2007
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