Valgeir Sigurdsson a été jusque là l’homme de l’ombre et le bras droit de figures musicales essentielles. On lui est redevable de la mise en sons et en formes d’albums tels que Vespertine et Medulla de Björk, du récent et impeccable The adventures of ghosthorse and stillborn des douces folles Cocorosie, de l’étonnant Ken burns effect des Stars like fleas (parution imminente chez Talitres !), ou encore du très orchestré The letting go de Bonnie Prince Billy.
C.’est donc avec une certaine dose d’excitation mêlée d’appréhension que l’on se plonge dans son premier album solo paru sur Bedroom community, un label géré par ses propres soins, et qui en dépit de son jeune âge, commence à se tailler une sacrée réputation dans le microcosme de rares connaisseurs (qui se sont laissés envoûter par les des triturations radicales à la Tim Hecker de Ben Frost, ou sont tombés sous le charme du néo-classicisme de Nico Muhly). Ce dernier est d’ailleurs mis ici à contribution, tant pour ses talents d’arrangeurs que de pianiste, et vient intégrer un alléchant casting où figurent un omniprésent quatuor à cordes, ainsi que les voix de Will Oldham ou Dawn Mac Carthy de Faun Fables.
De quoi donc talonner Nine horses ou Faultline dans l’exercice de tailler sur mesure des chansons dans un écrin électronique truffé de détails sonores et élégamment habillé de cordes classieuses. Entre ces chansons qui transitent dans les nuages au son de la voix angélique dédoublée de Dawn Mc Carthy (Winter sleep), et qui atteignent leur point culminant sur Kin (soit la crème de The letting go fouettée par la modernité), on trouve des contrepoints instrumentaux qui gagnent en émotion au fur et à mesure que l’album défile. Alors qu’A symetry nous offre un bel exercice de bête de studio traversé de harpe et piano digitalisés, qu’After four constitue un parfait cross-linking entre trip-hop, ambient et tronica, Equilibrium is restored happe l’auditeur comme Eno le faisait, en superposant nappes synthétiques, micro-ondulations et notes cristallines en suspens. l’apogée instrumentale est atteinte sur le poignant Lungs, for Merrilee, avec des tremolos de cordes, des guitares frissonnantes et un piano grelotant dont l’instabilité est à même de vous dresser les poils.
Un disque ambitieux que l’on craignait démonstratif de prime abord, mais qui dévoile peu à peu profondeurs d’âme et de champ.
Sébastien Radiguet
Tracklist
01. A symetry
02. Evolution of waters (feat. Bonnie Prince Billy)
03. Focal point titre en écoute sur la radio
04. Baby architect (feat. J Walker) titre en écoute sur la radio
05. After four
06. Winter sleep (feat. Dawn Mac Carthy)
07. Equilibrium is restored
08. Before nine
09. Kin (feat. Bonnie Prince Billy)
10. Lungs, for Merrilee
Durée : 49’20
Sortie : 10 septembre 2007
Plus+
Le site officiel du label
Le MySpace de l’artiste