Numérique, argentique ? Grande question, l’argentique c’était déjà la mort, la photographie a toujours été la mort (le cinéma la mort au travail) mais une mort conforme et unique avec de l’attente et de la solennité. Le phototype numérique c’est la mort à foison dans la vitesse et ad vitam eternam. Froideur du digital, froideur des pixels, ronds ou carrés… l’argentique oui, du fixateur, du révélateur, ça révélait (c’est le mot.) D.’ailleurs un soupçon de révélateur sur la main, et voilà des trous »et des cicatrices plus tard »nous voilà fixés… La chimie c’était la vie (même au service de la mort.) la photographie numérique elle ne perd pas que l’analogie et que l’affinité avec la vie, elle perd beaucoup plus, avec elle on trépasse sans avoir vraiment vécu, sans difficultés et dans une froideur sans mémoire »
La photographie, la mort qui rode (et donc Dieu) c’est un sujet, on peut faire avec comme Roland Barthes et sa chambre claire (verte?) ou Georges Didi-Huberman commentant le Sonderkommando du crématoire IV ( il y a d’autres exemples ») On peut faire comme Laurent Graff un livre ni grand ni épais, cent quarante pages en gros caractères avec des blancs non parcimonieux. Un livre qui commence comme du Modiano sans brume ni nostalgie pour virer reality show sans caméra, mais avec une plume nouveau roman du nouveau roman, éditions de minuit new school. Jean Philippe Echenoz genre, si vous voyez la chose, mais en moins bien. Alors oui chez ce Graff là il y a bien de l’ironie et du détachement face à des phrases attachées au factuel, oui le livre est vraiment intéressant (et émouvant) quand en filigrane l’intime pointe (cette morte et Dieu dans tout ça) mais en gros Graff passe à côté de son sujet. – Plus par désinvolture que par manque de talent d’ailleurs-. Et nous de nous ennuyer devant une intrigue raide (Il ne vous reste qu’une photo à prendre, tout ça ») »et nous de nous ennuyer mortellement, et de tendre la main vers le Gardénal et d’invoquer dans le même élan, Dieu, Fortino Sà mano, Barthes et le punctum »
Philippe Louche
Il ne vous reste qu’une photo à prendre, de Laurent Graff
Le Dilettante – 160pages, 15€¬
Publication : 24/08/2007