Insérer une pièce ? Comme une partie en salle d’arcade, Shoot’em up s’oublie dès que le générique, entièrement numérisé, nous annonce le game over. Pourtant, il nous inviterait à replonger dans cet intense partie de shoot, qu’on se laisserait aller 1h encore sous les feux incessants des fusillades. Shoot them up, c’est simple et décontracté : l’action balaie le film de ses tirs aériens, du début à la fin.
Shoot them Up, notion empruntée au Jeu Vidéo, apparaît comme la référence la plus adéquate pour qualifier le film. Wikipédia définit ce genre comme un jeu » dans lequel le joueur incarne un personnage devant détruire des hordes d’ennemis à l’aide d’armes de plus en plus puissantes au fur et à mesure qu’avance le jeu « . Ici, on ne joue pas. Mais le film se tient là dedans.
l’histoire, digne des meilleurs séries b, n’a qu’une fonction annexe : elle sert à distribuer des espaces et lieux consécutifs, plutôt en termes anecdotiques. Un homme se retrouve à protéger un bébé qu’il ne connaît pas, pourchassé par un groupe de malfrats extrêmement bien armé.
Assumé, ce film-jeu vidéo n’a d’intérêt que dans le maintien d’un niveau de tension alerte, entrecoupé de cut-scènes humoristiques, pour séparer les différents levels. Shoot.’em Up est issu de d’accouchement dégénéré : d’un coté les films influencés par les jeux vidéo, de l’autre les films qui ont nourri l’esthétique vidéoludique (Le » Hard Boiled » de John Woo et la scène du Hong Kong pré-rétrocession, mais également les célèbres serials de durs à cuire des eighties -Die Hard »-.) En résulte une chimère absolue, un produit nouveau.
La question se lit sur les lèvres : avons-nous à faire à du cinéma ? Affilié aux grands divertissements idiots, s’amusant à parodier la forme du film d’action, Shoot.’em Up ne cesse pourtant de recourir à une structure rudimentaire développé dans ces jeux. Chaque scène, construite pour elle-même, se regarde comme un nouveau niveau encore plus » incroyable « . Par exemple, lorsqu’il saute de l’avion en parachute, zigouillant un par un ses poursuivants, la référence vidéoludique nous paraît évidente.
Certes, il faut reconnaître que les protagonistes parviennent à nous soutirer quelques sourires, par des répliques bienvenues et des scènes aussi bêtes que spectaculaires bien qu’abandonnées par le scénario. Mais l’habileté de Michael Davis réussit à maintenir ce pastiche, en cultivant les extravagances comme des indices, en négatif, de la réalité du film : le héros est un clodo, mangeur de carottes mitraillant toutes oppositions, pour défendre une cause louable »le retrait des armes en vente libre !! Le film, l’histoire se justifient alors parce qu’il crée une réalité singulière, proche de celle d’un jeu vidéo, ou d’une bande dessiné.
Au terme d’un rythme enlevé, Shoot.’em se meurt sur l’écran, sans avoir la force de nous accompagner en dehors. Trop léger, il s’évapore dès lors que la tension s’évanouit. Reste alors le plaisir résiduel d’un cocktail d’action intense, déjà consommé, déjà digéré, déjà oublié.
Maxime Cazin
Shoot’em Up
Film américain, action/thriller, de par Michael Davis – 1h30 – sortie : 19 Septembre 2007
Avec Clive Owen, Paul Giamatti, Monica Bellucci…
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