Les bois dormants, de Fabienne Juhel

bois_dormant.jpgElle n’était encore qu’une enfant quand, lors d’une fête foraine, la petite s’est perdue, recueillie par un homme à  la peau noire et »délivrée » à  grands coups de fracas et cris retentissants par la police.
Ce qui a suivi, pour elle, c’est l’habitude de se perdre. De son plein gré. Or, trente ans plus tard, la narratrice apprend qu’elle est atteinte d’une tumeur au cerveau, qu’on lui donne six mois à  vivre et qu’un coma profond sera son antichambre vers la mort.
Plongée dans ses »bois dormants » la jeune femme rêve et revit ses contes de petite fille. Autour d’elle, les infirmières lui lisent des histoires, Michel son compagnon lui apporte des fleurs, cachant aux enfants le drame de leur maman, censée »à  la cueillette des mûres ».

Ce livre n’est pas éprouvant, accablant de douleur et comprimé de larmes. Même si le sujet latent concerne la maladie, le roman demeure »sauf ». Car Fabienne Juhel, qui signe là  son deuxième roman, a une astuce pour éviter le mélo : elle use et abuse des fables pour enfants, en décore son propos de manière parabolique, elle crée un monde onirique, mêle le réel aux songes.

C’est très joliment écrit.
Et puis, bien entendu l’histoire est touchante. Comment ne pas s’attendrir face à  cette femme qui a fait de la perte une »imparfaite manie » un art calculé et requis avant d’être définitif ?
J’avais déjà  lu son premier roman »La verticale de la lune » mais je n’avais pas été embarquée dans son univers. Cette fois, passant sur les premières pages stupéfiantes, j’ai été happée par cette jolie fantaisie, ce métissage de fantasmes et de réalités. Où on y découvre aussi une relecture des fables enfantines, une révision de nos cauchemars qui apparaissent soudain poétiques et séduisants.
A tenter !

Stéphanie Verlingue

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Les bois dormants, de Fabienne Juhel
Editions Le Rouergue – 160pages, 14€¬
Publication : 17/08/2007

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