Jordan Giger et sa troupe nous envoient de bons baisers des Etats-Unis, un an et demi seulement après le très réussi no rest for ghosts. Ils y canalisent, mieux encore que précédemment, la palette de styles et de tons rock qu’ils abordent.
On se rappelle qu’on disait, à l’époque de la sortie de no rest for ghosts (6 ème disque du groupe), que seule une écoute répétée et assez attentive de l’album permettait d’en découvrir les subtiles beautés, les crescendos et dégradés de rock qui apparaissaient si »patchworkés » lors d’une première ou distraite écoute. Ce n’est plus vraiment le cas, pour ce nouvel album, même si chaque nouveau passage dans le lecteur apporte à l’auditeur son lot de petites découvertes et d’émerveillements. Reste que Minus Story semble pourtant avoir réussi à canaliser plus encore que sur son précédent opus, les ingrédients et méthodes qui font la réussite de leur décoction. Minus Story ne change en fait pas tellement sa formule précédente, mais le groupe la canalise mieux, en vue de faire durer plus longtemps chaque mélodie dans la mémoire de l’auditeur. Mais qu’ils s’éparpillent moins (la durée assez courte de l’album en est la preuve) ne signifie pas qu’ils réduisent le champs de leurs possibles. Un large champ rock, un brin psyché, dans l’acception Flaming lipsienne du terme, où on fait feu de tout bon bois à flammes au coeur d’un même morceau.
Et en artisans d’une meilleure canalisation, la guitare électrique et le clavier jouent les rôles antinomiques de capitaine d’équipe et de juge de touche. La guitare rageuse ne déplairait ni à Pavement ni à Sonic Youth, mais elle crie sa rage sur une partition qui cède une large place au riff pop: de ceux qui entêtent et qu’on se surprend à reproduire à coups de air guitar au milieu du salon. Elle jalonne le discours de chacune des chansons énergiques du groupe et évite les débordemments des arrangements qui sinon, partiraient au hors jeu. Idem pour le piano qui, sur une grosse seconde moitié de l’album, emmène les ballades plus apaisées, venir tâter de la mélancolie ou respirer de l’éther. Une nage périlleuse, où il arrive pourtant, par un apaisement progressif, à faire en sorte qu’aucun des éléments qui nagent avec lui ne se noient ni ne se mettent à tripper sans espoir de retour ou de partage.
Un grand album rock en somme, qui tire doucement vers la pop et l’immédiateté; tout en gardant ses habits un brin intello et sa mécanique de réflexion autour de chaque titre. Jamais chiant, que l’album tire des boulets guitaristiques ou fasse partager sa douce tristesse. C’est l’album que rêverait sans doute de livrer une formation »radiophonique » parce qu’on crierait à la ré-invention de sa mécanique. C’est aussi l’album que ne livrera (plus) jamais Mercury Rev.
Denis Verloes
Jagjaguwar / Differ-ant
Tracklist
01. In Line
02. Aaron
03. Stitch Me Up
04. The Battle Of Our Lives
05. Beast At My Side
06. The Way Beyond
07. Parachute
08. Mama Mama
09. Pretty In The Light
10. Miles And Miles
Durée:33′,9 »
Date de sortie: juillet 2007
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