Markus est pompier volontaire dans un petit village allemand. Arrivé le premier sur les lieux d’un accident de voiture, il sauve le conducteur dont il apprend plus tard la volonté de mourir avec sa compagne.
Lui-même très amoureux de sa femme Ella à qui il déclare qu’il ferait tout pour elle, Markus est ébranlé par son geste venu s’interposer dans le destin de cet inconnu. En stage de perfectionnement dans une ville voisine avec ses collègues pompiers, Markus rencontre Rose avec qui il engage une liaison passionnée sans que soit altéré l’amour entier qu’il porte toujours à Ella. Markus sombre dans le désespoir devant l’échec à assumer ses responsabilités.
Du destin, il est donc ici beaucoup question sous l’examen de la confrontation entre la vie telle qu’on l’imagine enfant et l’existence concrète telle qu’elle se déroule. Que sont donc devenus les rêves et les souhaits ? Markus est en cela un parfait représentant du romantisme allemand, un homme tiraillé dans son amour inconditionnel pour sa femme et son attirance pour Rose.
Désir(s) est très brut, les dialogues sont plutôt dépouillés qui font de Markus un personnage mutique, aux paroles rares, mais au regard fixe et intense. Le film jouant avec le réalisme est ponctué par des scènes où on le voit dans ses différentes activités de serrurier et de mécanicien. Alors qu’il évolue dans un univers uniquement masculin (caserne des pompiers), Ella appartient à une chorale entièrement composée de femmes. Malgré ces sphères différentes, il y a une fusion évidente entre le pompier et sa femme.
Ne s’embarrassant pas de psychologie, refusant tout lyrisme, Désir(s) est aussi très épuré, à la limite de l’austérité et de la sécheresse, et laisse une place importante aux paysages et à la nature en résonance avec les états d’âme des personnages.
La conclusion du film très inattendue permet à la jeune réalisatrice de rebondir sur son sujet en le remettant en perspective et en le nimbant d’un nouveau mystère.
Néanmoins, parmi les films venus d’Allemagne ces derniers mois, Désir(s) est le plus radical et il ne parvient pas à toujours être à la hauteur de ses ambitions.
Patrick Braganti
Drame allemand de Valeska Grisebach – 1h28 – Sortie le 3 Octobre 2007
Avec Andreas Muller, Ilka Welz, Anett Dombusch
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