Fraise et chocolat 2, de Aurélia Aurita

fraiseetchocolat2.jpgJe ne suis pas une jeune femme. Ce qui tient du constat d’évidence est peut-être une des raisons qui explique aussi, en partie, pourquoi j’ai eu du mal à  accrocher avec le retour des aventures amoureuses et sexuelles de Chenda en voyage avec son amoureux Frédéric. C.’est en tous cas ce qui m’a été dit. Et c’est sans doute en partie vrai. Mais pas complètement. Tentative d’explication

Il y a une grosse année, Stéphanie, chroniqueuse en ce magazine, nous disait tout le bien qu’elle pensait du premier tome des aventures de Chenda aka Aurélia Aurita. Une jeune dessinatrice croquée dans son livre, à  la fois amante passionnée et jeune femme délurée dans une quête du plaisir physique et amoureux avec l’élu de son coeur, lui-même dessinateur de son état et en partie résident japonais de surcroît. Elle y pointait entre autres réussites la manière dont un point de vue féminin parvenait à  s’adjuger d’un sujet généralement réservé à  la pornographie masculine, en y instillant la fraîcheur, la naîveté tranquille et un trait de crayon en noir et blanc, cartoon, qu’on voit rarement associé à  la levrette ou au cunnilingus. Car justement, l’aspect comique de cet album prend à  contre-pied le vent sulfureux qui souffle du début à  la fin, disait Stéphanie.

Une chronique paresseuse se piquerait sans doute de pointer uniquement la prolongation d’un même élan dans ce second tome. On y retrouve Chenda, accompagnant son pygmallion-étalon en tournée de promotion de son album en Europe. On y retrouve le sexe, les expériences qui gagnent en  » classe  » quand elles sont évoquées par une femme. On y découvre aussi le doute amoureux, rebond nouveau de cette histoire ainsi que son corollaire, la jalousie: et si l’autre mourrait ? et s’il venait à  quitter son amante? On y retrouve le trait naîf et cette manière d’expliquer l’inexpliquable dans un langage qui doit peu aux films x de Canal+ ou à  Sex in the City, mais bien plus aux non-aventures de Guillaume Long au pays des sardines ou de Monsieur Jean perdu dans son existence. On y retrouve ces réussites indéniables. Oui mais »

Certes le lecteur y retrouve un univers connu et un trait à  l’identique, qui ne ment pas sur ses desseins : Le »retourné » en couverture est assez explicite pour ne pas tromper le chaland. Certes, le ton reste unique et la voix contemporaine d’une jeune femme, à  ce genre d’exercice, fait taire moults débordements de testostérones filmées ou dessinées. Certes, c’est l’amour qui transparaît au fil des pages ». Oui mais »On ne peut éviter de se poser la question : pourquoi un second tome ? Sans doute un peu vieux jeux dans ma compréhension de la bande dessinée, je n’aime rien tant qu’une bonne histoire, servie par de bons personnages et un trait qui me transporte. Ici j’ai bien les personnages (on se prend de sympathie immédiate pour Chenda et Frédéric, dont on se carre complètement de savoir s’ils sont pareils à  la ville et à  la page), j’ai un trait particulier mélange de naîveté et de crudité, mais je n’ai pas de quoi rassasier ma soif d’histoire. Les personnages déclencheurs de narration sont évacués au profit de l’ébat ou du sentiment de doute : adieu donc la jolie Kan et son lait de soja, bye bye la star fuckeuse de dessinateurs en partance pour Angoulème, évacué le Monsieur Yamada excédé, xénophobe, au singlet de salaryman et aux pâtisseries équivoques. Autant de moteurs d’histoires, de piliers d’élargissement du scope, sacrifiés sur l’autel du glucose viagra, du concombre gode, et des macarons inter-sexe.

Et c’est donc, puisque la surprise et le plaisir de la découverte du premier album ne font plus recette dans la lecture du second tome, avec une demi déception qu’on finit la lecture de Fraise et chocolat 2. On se dit, que comme dans une bonne série télé, les plus convaincus seront contents de retrouver des personnages qui leur ressemblent, qui sont touchants et aimables, dont on aime la concupiscence relative et le miroir qu’ils nous tendent. On sait qu’il y aura encore une troupe de chroniques vantant le côté novateur du discours de la pratique »Mais je ne peux m’empêcher de me dire que je me suis tout de même un peu ennuyé quand j’ai eu refermé la 190 ème page d’aventures.

Denis Verloes

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Fraise et chocolat 2
Aurélia Aurita
Editeur: Les Impressions nouvelles
bande dessinée pour adultes
Dimensions: 14,8 x 21 cm
192 pages – 16 €¬
N & B
Parution: 18 /10/2007

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La chronique de Fraise et chocolat 1 sur benzinemag
Le site de l’éditeur
Le site d’Aurélia Aurita

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