Robyn Hitchcock est un vieux briscard du milieu, né en 1953. il a débuté sa carrière quelque part au mitan des seventies. Les influences Dylan-iennes et Barretiennes illuminent ses premiers essais et infusent ce qu’il est convenu d’appeler son psyché folk.
Second couteau au fil des années 80 et 90, l’ébauche d’un succès d’estime tombe en fait au début des années 2000, bien longtemps après la séparation des Egyptians, son groupe de scène. Pour ce nouvel opus, il s’entoure d’un backing band de luxe : les Venus 3. En fait, il suffit de tourner la couverture du digipack, pour se rendre compte qu’il s’agit de Peter Buck en vacances de REM, Scott McCaughey, puis Bill Rieflin en école buissonnière de chez Ministry.
Etonemment l’écoute de leur album fait assez peu penser aux univers des musiciens qui composent le groupe prète-nom. Mieux encore, la méthode utilisée par Hitchcock pour se défaire un peu du seul folk, fera sourire tout qui a connu dans son parcours historique et musical, les différentes étapes de l’avènement de la Britpop, au milieu des nineties. On trouve ici du blues qui groove façon Primal Scream d’avant, des refrains qui montent dans l’aigu, comme taillés pour la posture de Liam Gallagher, des ballades jouées avec le bouton overdrive allumé sur l’ampli, façon Cast où le premier The Bluetones, un poil de surf musique à la Dodgy (encore un groupe mésestimé), des saxos comme sur le wake up boo des Boo Radleys. Ah oui, on oublie pas les clapements de main à la Suede, ou les ballades batterie/gratte acoustique/voix façon La’s… Mais l’histoire du musicien anglais, est sans doute le conte d’un rendez-vous manqué avec le timping de l’histoire. Sans doute encore cinq ans trop tôt pour qu’on assiste au retour en grâce des T shirts Fred Perry, de la Adidas Gazelle, des paquets de clope gris argent, de la lager beer, des cheveux courts ou de la mèche qui pend sur le front et des jeans en velours tout finement cotelé.
C’est d’ailleurs, peut-être, parce qu’il s’en rend compte ou parce qu’il a tenté de chasser le naturel, pour que ce dernier décide de revenir au galop au milieu de l’album. Après son passage le plus low / La’s, Robyn Hitchcock retourne à son blues folk originel, quelque part entre Dylan et Giant Sand. Trop américain et pas assez northern soul (mais presque) pour qu’on puisse les rapprocher totalement de The Verve ou des Charlatans et ainsi parachever l’entreprise de réhabilitation »avant la lettre » de l’adolescence musicale de votre serviteur.
Rien de bien neuf sous le soleil penserez-vous. Et, tout en oubliant le petit moment de plaisir que provoque le sourire aux lèvres au long de l’écoute, vous n’aurez pas tout à fait tort. Car si le groupe a indubitablement tâté puis parfois trouvé une existence efficace en dehors du genre et des références de prédilection de son frontman; il n’a pas encore réussi à s’en abstraire suffisamment pour proposer sa propre vision de l’époque.
Si les aléas de l’industrie et de la distribution nous donnent à écouter le futur album, on sera heureux de suivre la bonification d’un artiste déjà riche d’une longue discographie, ou assister à la chute bête et brutale, depuis la falaise de la redondance ou du temps qui passe plus vite que la capacité de l’artiste à se trouver.
Denis Verloes
Proper records /nocturne
Tracklist
01. Adventure Rocket Ship
02. Underground Sun
03. Museum Of Sex
04. Belltown Ramble
05. Olé ! Tarantula
06. (A Man’s Gotta Know His Limitations) Briggs
07. Red Locust Frenzy
08. ‘Cause It’s Love (Saint Parallelogram)
09. The Authority Box
10. N.Y.Doll
Date de sortie: novembre 2006
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