A travers les yeux d’un enfant, »Ce que dit Lili » va nous conter le déracinement. En écrivant l’histoire de cette famille, Sophie Avon parvient à toucher son lecteur, à rendre son propos subtil, émouvant et merveilleux.
Gabriel et Mona ont quitté l’Algérie durant l’année 1962. Ils emménagent à Vaubaye, près de Bordeaux, dans un manoir austère. Leurs enfants, Paul, 9 ans, et Lili, 5 ans, explorent les alentours, dont l’école voisine, avec son préau, qui est abandonnée.
La petite fille est scotchée à son frère, elle est encore trop petite pour comprendre ce que signifient les silences de sa mère, ses larmes et ses séjours à Paris, les disputes avec Gabriel, son père professeur de dessin, sans cesse débordant d’idées et d’enthousiasme.
Pleurer un pays, celui de l’enfance, celui qui porte les défunts. Le roman en souligne toute la complexité, toute la difficulté de s’arracher d’un chez-soi, d’y laisser ses souvenirs.
Au début, la lecture est délicate car la narration par le biais de la petite Lili, 5 ans, en rend la portée plus sensible et légère. Peu à peu on comprend mieux ce que dissimulent les adultes, ce que veulent dire les mots chuchotés de l’enfant. Et soudainement, on succombe, on a le coeur serré et on en sort complètement bouleversée !
J’avais déjà lu de Sophie Avon« La bibliothécaire » un roman qui m’avait laissé un sentiment étrange. Avec »Ce que dit Lili » je suis définitivement conquise par la richesse de l’auteur, par sa compassion et la générosité de son histoire.
Dernière chose : ce roman n’est pas du tout amer, même s’il parle avec pudeur de l’exil, de la perte et du deuil. La revanche contre la tristesse vient de cette formidable tendresse familiale, par »ce que dit Lili ». C’est un beau, un très beau moment de lecture !
Stéphanie Verlingue
Ce que dit Lili
de Sophie Avon
Editeur : Arléa
Publication :23/8/2007
160 pages – 15 euros