C’est un surnom un rien moche et enfantin – qu’elle accepte malgré elle – dont a écopé, Alexandrine Langlois, trentenaire lyonnaise qui compose des dessins pour impression textile. L’acceptation, voici une notion qui résume assez bien la manière de vivre de cette célibataire endurcie qui semble se laisser porter par la vie, notamment par Muriel son amie d’enfance, une chef d’entreprise qui fait dans l’événementiel et mène, en ce qui la concerne, une existence en dents de scie.
Didine, de son côté, elle préfère la solitude, des relations épisodiques avec des garçons qu’elle ne rappelle jamais.
Pas spécialement entreprenante mais disponible et ouverte, par une succession de quiproquos qui fait d’abord du film une comédie vive, elle devient membre d’une association d’aide aux persoones âgées et fait ainsi la connaissance de Mme Mirepoix, vieille femme acariatre et peu amène, et de son neveu Nicolas.
Pour son second film, Vincent Dietschy, épaulé par la scénariste Anne Le Ny, brosse le portrait d’une déroutante jeune femme car son comportement en fait une adolescente attardée, qui tarde à entrer dans l’âge adulte, se complaisant à éluder les engagements – amoureux, on l’a vu – et professionnels – un manque d’ambition qui exaspère Muriel. Allant jusqu’à refuser d’avoir un téléphone portable, Didine fait effectivement tâche dans son environnement performatif et battant – et de manière plus générale dans la proposition de figures actuelles dépeintes par le cinéma national.
Malgré quelques appels du pied un peu téléphonés – la mise en présence de Didine et de Nicolas – le film s’emploie à déjouer un certain nombre de ses enjeux. Le réalisateur fait d’abord de Nicolas un personnage distant, à l’humour froid et sa tante – magistralement interprétée par Edith Scob – est une dure à cuire qui offre peu de prises et, en filigrane, une projection possible de la vie de Didine.
Didine progresse doucement en entrant sur la pointe des pieds dans la vie de son héroîne. Géraldine Pailhas irradie ce rôle dans une composition tout en finesse et subtilité et elle rayonne au coeur de cette comédie douce-amère où est également abordé avec la même délicatesse le sujet douloureux de la vieillesse et de la maladie.
On est presque surpris d’apprendre que Didine soit réalisé par un homme tant il contient de légèreté et d’approche intelligente de la nature féminine. Vincent Dietschy sait nous rendre proches des personnages fluctuants et ces fluctuations traversent le film qui alterne moments fantaisistes et scènes plus mélancoliques. Un joli petit film qui se laisse regarder avec plaisir.
Patrick Braganti
Didine
Film français de Vincent Dietschy
Genre : Comédie
Durée : 1h43
Sortie : 23 Janvier 2008
Avec Géraldine Pailhas, Christopher Thompson, Edith Scob, Benjamin Biolay, Julie Ferrier