L homme du lac, de Arnaldur Indridason

hommedulac.jpgOn commence à  peine à  s’habituer au polar »du froid » voire glacial, puisque nous sommes, avec Indridason et depuis quatre romans, en terre islandaise. Même si l’intrigue s’expatrie quelque peu vers l’Est européen au coeur de l’ouvrage, c’est bien dans les terres gelées et les immensités sauvages que se situe l’enquête menée, comme dans le roman précédent la voix , par Erlendur. Ce personnage à  la fois classique par son statut de détective baroudeur et respecté mais avec vie privée assez minable, et la fois atypique tant le caractère résolument nordique, lent et obstiné, est rarement présent dans les romans noirs actuels, souvent anglophones.

l’homme du lac débute quelques mois après  » La voix  » peut-être l’auteur constitue-t-il une série de volumes consacrés à  Erlendur, sa vie, ses enquêtes »? Qu.’importe, nous sommes ravis de le retrouver, même si cet épisode s’avère moins passionnant que le précédent, mais tout aussi rondement mené.
Un homme est retrouvé au fond d’un lac, émergé par un brusque baisse du niveau de l’eau. A son cou, un émetteur russe, vieux de 40 ans. Et pour cause : la victime est décédée dans les années 60. Suivent l’autopsie, la recherche de l’identité du corps, du fabricant de ce type d’émetteur uniquement utilisé pour l’espionnage, et de son exacte provenance »de fil en aiguille, Erlendur va mettre en lumière une histoire que certains auraient aimé enfouie à  jamais, le genre d’affaire diplomatique et politique qu’il n’est jamais très agréable de faire ressurgir quarante ans après, quand l’Europe se décide enfin à  se réunir du même allant »

Le style à  la fois détaché et concis d’Arnaldur Indridason n’est pas immédiatement reconnaissable, il n’explose qu’au deuxième tiers du livre, après un début d’intrigue à  la fois très lente et pas vraiment passionnante. Si toutefois le lecteur n’a pas laissé tomber cette enquête à  ce stade, alors c’est gagné : car le dénouement, à  la fois abrupt, étonnant et glaçant, sans jouer sur la surenchère ou la facilité, est un régal. l’auteur mélange avec audace et habileté histoires policières et familiales, et surtout l’Histoire sombre de la Guerre Froide sur l’échiquier politique européen. Tout en gardant un flegme narratif qui fait souvent penser aux enquêtes britanniques, mais avec peut-être plus de cynisme, de distanciation, de second degré.
Sans être le meilleur volet des aventures du désormais plus célèbre détective de Reykjavik, cet Homme du lac est en tout cas le plus ambitieux et le plus déroutant.

Jean-François Lahorgue

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l’homme du lac
Auteur : Arnaldur Indridason
Traduit de l’islandais par Eric Boury
Editeur : Métailié
390 pages – 18 €¬
Publication :07/02/2008

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