C’est par l’intermédiaire de la compilation Weevil in a biscuit, très fouineuse et exploratrice dans l’âme, qu’Harold Nono était parvenu à mes oreilles. Troisième album pour le compte du label écossais Bearsuit, To the river lounge est donc l’occasion de se forger une idée sur un format plus étendu.
L’inaugural Lullaby, qui emprunte aux Massive Attack ses rythmiques obscures et sous-terraines et y adjoint une touche vocale orientalisante, donne un mauvais aperçu de la tonalité globale de l’album, même si de bribes d’Orient il est question par ailleurs.
Plutôt minimaliste, à mi-chemin entre ambient et expérimentations très accessibles, sa musique intègre des samples vocaux morcelés, quelques émissions de zarb et violons fragmentés conférant à l’ensemble un caractère légèrement exotique (A shining space, A bigger spider). Parfois, ce jeu de fragmentation laisse place à une ambient plus linéaire et vaporeuse (Waterspeakers), à des cordes aériennes façon Lucky Pierre (Rain). A son zénith, Harold Nono talonne de très près la magie d’Epitaph de Kazumasa Hashimoto, en pondant un Tacky tigers bucolique, pièce de néo-classique joliment orchestrée et titillée avec malice par les outils numériques. Rêveur et paisible, l’album s’achève de fort belle manière sur une Lightbox laissant diffuser accords cristallins et cliquetis éparses, choeurs enfantins aux consonnances ethniques.
Une belle petite découverte que ce To the river lounge, bande-son sereine pour voyageurs immobiles.
Sébastien Radiguet
Bearsuit records / import
Tracklist
01. Lullaby
02. A shining space
03. Rain
04. Waterspeakers
05. Gambol
06. A third of birds
07. Tacky tigers
08. A bigger spider
09. Kite
10. Lightbox
Durée : 41’18
Sortie : 2006
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