Ed Canfianelli aka Rodion, a été pensionnaire, depuis l’âge de cinq ans, de la Catholic Church de Rome. Il y développait son talent, jusqu’à ce qu’il découvre la vie et la musique indé italienne (celle des squats et des séries SF nippones à la télé, avec des sons de synthé dedans).
Il est peu après viré du conservatoire, pour son interprétation toute personnelle de la musique sacrée et sa vision de Bach façon techno. Il récupère du matériel auprès d’un producteur italien et se met à développer son univers, mélange de recherche sonore et de machine à danser.
Le Dj Claudio Coccoluto a vent de son premier vinyle chez Gomma. Il lui fait une pub de rêve en l’intégrant à sa playliste. Lindström, DFA’s shit robot, puis Franz Ferdinand le médiatisent en l’adulant… Et hop, ni une ni deux, l’ex pensionnaire d’une institution catholique, piercé et les cheveux longs, déboule sur notre platine en version LP.
Il y a les mécanismes d’une machine à danser, dans la musique de Rodion. Des mécanismes qui empruntent beaucoup au groove du funk, sans en arborer les couleurs, et aux rythmiques du disco sans s’embarrasser des clichés sonores. En fait, si on synthétise l’histoire, une formule musicale techno abondemment usitée à l’avènement de Daft Punk au milieu des ’90s. Mais un Daft Punk moins funky, plus réflexif, plus cybernétique. Une machine à danser qui réhabilite les sons de synthétiseurs vintage, extirpés de vieux clips ’80’s et les réinjecte comme éléments constitutifs -et non pas éléments moteurs, comme ce fut le cas à l’époque des années 80- de la réflexion de Rodion, sur ce qui fait danser le peuple en 2008.
Et le résultat chez Rodion est à l’avenant. Romantic Jet dance oscille entre dance et funk, déconstruction sonore et europop. On pourrait trouver l’ensemble trop froid. Et on aurait pas tort. On pourrait aussi le trouver trop réflexif pour une machine à danser. Et on ne serait pas loin de la vérité. On pourrait argumenter en disant qu’on trouve le format trop long pour de l’intelligent techno. On aurait pas tort. Il n’empêche que, avec le soutien de fans inconditionnels nommés Franz Ferdinand, Rodion devrait non seulement jouir d’une notoriété certaine, mais aussi une reconnaissance qui dépasse un peu du strict cadre que ses qualités musicales intrinsèques devraient lui accorder.
Denis Verloes
Gomma / Pias
Tracklist
01. fisico
02. electric soca
03. via lactea
04. luna dark
05. bilancia blu
06. love (part 1&2)
07. tokyo deca dance
08. j bunker
09. dolce futbole
10. donq
11. romantic jet dance
12. atala ride
13. tu mi turbi
14. ms dildo
15. rubber duck
Date de sortie: 5 novembre 2007