Tiré du best-seller de Khaled Hosseini, »Les cerfs-volants de Kaboul » conte, à travers 20 ans, le destin de deux jeunes amis, l’un issu d’une haute famille, et l’autre serviteur de ce dernier, dans l’Afghanistan – chamboulé par le passage meurtrier des talibans – . Marc Forster (« A l’ombre de la haine » »Neverland »), autant que l’auteur du livre, nous parle d’un changement, d’une violence quotidienne qui prive tout ses habitants de la joie de vivre, et de la sérénité. De bonheurs enfantins révolus, laissant place aux cartouches des balles sur le sol. De deux jeunes, symbolisant le peuple entier, meurtris par la tension, les morts et la tristesse. Une sorte d’épopée à travers le temps, observant les changements radicaux d’un pays qui peine à se contrôler.
L’histoire est belle, les acteurs appliqués, le scénario correct, la symbolique du cerf-volant bien utilisée, mais il manque à ce drame une vraie force. La réalisation platounette, américanisée et identique d’un bout à l’autre, sans qu’un cadrage soit plus approfondi que l’autre, sans qu’une note de musique ne soit plus dissonnante que l’autre, fige le film dans une certaine raideur. Les émotions sont souvent désincarnées, par manque de souffle et de tension, tandis que l’Afghanistan, autant que la relation amicale entre les deux enfants, est en train de se détruire, inexorablement. Ce qui fait que l’on aimerait être ému par cette tendresse, mais rien ici n’a la force de nous transpercer le coeur. Ceci dit, »Les cerfs-volants de Kaboul » ne souffre pas trop du manichéisme redouté, car le problème, aussi peu entraînante soit sa mise en image, est traité finement, avec un sens moral qui n’est pas oublié. Reste que tout cela est un petit peu trop poli, comme une vitre transparente que l’on viendrait de nettoyer, laissant filtrer de maigres rayons de soleil. Mais des rayons quand même.
Jean-Baptiste Doulcet
Les Cerfs-volants de Kaboul
Film américain de Marc Forster
Genre : Drame
Durée : 2h02min.
Date de sortie : 13 Février 2008
Avec Khalid Abdalla, Homayon Ershadi, Saîd Taghmaoui…
La bande annonce en VF :