Interview d’Alister

Alister sort son premier album intitulé « Aucun mal ne vous sera fait » le 25 mars chez Barclay. Un album produit par le très talentueux Baxter Dury. Qu.’est ce qu’on va faire de toi l’insupportable single tourne déjà sur quelques radios.

Alister christophe ernault
Crédit photo : Dom Garcia

On ne sait pas encore trop dans quelle case de la chanson française on va essayer de le faire rentrer, que ce soit à  coup de talon aiguille ou de chantage téléphonique, de tesson de bouteille ou d’article dans Technikart. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il ne voudra pas y aller. Alister, avec sa gueule d’ange et son verbe acide, les filles vont l’adorer et les mecs vont l’aduler, ou l’inverse Rencontre avec le chanteur à  problèmes, le bourru »des coeurs, le bourreau de talent, le bourré de cynisme.

Qui est Alister par rapport à  Christophe Ernault ?
C.’est le même à  3-4 dents près. Le premier détruit ce que fait l’autre puis le reconstruit après, parce qu’il est aussi bien élevé que lui. Aussi bien élevé que lui-même.

Pourquoi ce pseudo ?
Parce que je voulais que ma famille, mes proches n’aient pas à  assumer tout le bordel. Et pour me libérer de l’état-civil.

Savais-tu que Alister, en France, est « l’Association pour L’Information Scientifique et Technique en Rééducation » ?
Non. Je croyais que c’était l’ANPE. Un bon pseudo aussi.

Tu te sens plus auteur ? ou nouvelliste ? ou chanteur ? ou compositeur ?
Bizarrement j’ai beaucoup plus de mélodies que de textes, alors que vu mes états de service les gens ont tendance à  penser que je suis plus un auteur »Mais à  l’heure où je te parle j’ai une bonne trentaine de compositions qui attendent des paroles dignes de ce nom »

Comment as-tu écrit ton album ?
Sur une assez longue période finalement. De 2003 à  2007. La plus vieille étant « Qu.’est-ce qu’on va faire de toi ? ». Ce qui fait qu’on a eu un large éventail de choix pour la liste finale. Pour l’album, l’essentiel était de garder une unité de ton, de raconter une espèce d’histoire en 11 chansons et 45 minutes chrono. J’ai pas du tout aimé l’inflation des durées de CD il y a une dizaine d’années. Le mauvais côté c’est qu’un titre comme « I am stupid and i want to have sex » n’a finalement pas été retenu. Pas assez raccord. En revanche sur scène je m’en fous.

Ma chanson préférée sur ton album est Barnum. Et toi ?
« Barnum » c’est aussi la chanson préférée de Baxter Dury, je salue donc ton goût certain. C.’est un peu un test de Rorschach celle-là. J’étais dans une soirée récemment et un mec qui avait écouté l’album avant tout le monde m’a fait toute une théorie sur « Barnum » m’expliquant notamment que c’était une chanson qui se passait dans un bar et qu’il imaginait même des vitres avec de la buée. Ce qui n’est pas vraiment le cas et en même temps le mec il dit ce qu’il veut car moi-même je ne sais pas. Cela dit y’a un bar qui s’appelle  » Barnum » près de la Mutualité. Très bonne omelette au fromage… Mais je m’égare.

A quel point tes chansons sont-elles autobiographiques ?
Le point de départ est en général autobiographique. C’est après que tout se disperse, s’égare, se complique. La volonté de dépasser l’entendement fait partie du jeu.

Et tes nouvelles ?
Pareil. Mais dans le sens contraire. Je pars plutôt d’un flou, d’un fantasme, pour les préciser ensuite.

Je trouve le style de tes nouvelles (Playlist) beaucoup plus piquant et inventif que les textes de tes chansons. C’est une volonté ou seulement les contingences du format qui impliquent cela ?
Je pense exactement le contraire. Cela dit, il y a des mots français qui sont sublimes à  l’écrit et délicat à  l’oral. Comme « jugulaire » par exemple ou « ambidextre ».

Pour qui aimerais-tu écrire ?
Pour les notes de pochette de Rhino Records.

Tu as écrit pour la TV. Quel est ton rapport à  cet objet et à ce média ?
J’écrivais à  la télé sans trop regarder le résultat à l’antenne pour ne pas perdre mon sang-froid face à mes employeurs et préserver ainsi mon avenir professionnel. Maintenant quand je retombe sur certaines « Minute Blonde » je suis plutôt content. Ça m’a appris à  être concis et à répondre de mes actes.

C’est toujours d’actualité pour toi ?
Non. J’ai arrêté exactement au moment où j’ai signé chez Barclay. En 7 ans, j’avais fait un peu le tour des vannes je crois. Un des producteurs pour lequel je bossais me répétait souvent : « Il faut que tu fasses rire la France « . Ouais bon…

Quelles sont tes sources d’inspiration dans la vie ?
Volvic.

Comment t’es-tu retrouvé à  travailler avec Baxter Dury sur ton l’album ?
J.’ai adoré sa chanson « Cocaine Man », l’un de ces rares morceaux récents où je me dis, « Putain j’aurais voulu l’écrire celle-là ! Quand est venue l’heure de choisir un réalisateur pour l’album, j’y ai repensé sans savoir qui avait produit les siens. C’était en partie lui, avec Craig Silvey, son acolyte surdoué, donc c’était parfait. Les mecs sont géniaux. .’un talent et d’une humilité inconnus dans nos contrées.

Et tes musiciens ? Comment s’est formé ce groupe ?
Je traîne pas mal aux concerts à Paris, pour voir de nouveaux groupes, dégoter des musiciens originaux. Pareil, j’ai fait des auditions à l’ancienne et on est tombé sur cette formule. Des mecs autonomes chacun dans leur registre, obsédés du détail, attentifs… Et en même temps débraillés. Y’aurait tellement à  dire sur les travers d’un certain professionnalisme « à  la française » miné par les conservatoires et les écoles de jazz-rock.

Comment définirais-tu ton style musical ?
Bubble goth.

Quelle a été la pire comparaison qu’on ait pu te faire ?
Les comparaisons que tu entends t’en disent plus sur les gens qui les disent que sur le fond de la comparaison même. Quand on me dit que je ressemble à Antoine par exemple, j’imagine que je suis face à quelque un qui ne met pas le nez dans « Mojo » tous les mois, mais ça fait partie du jeu et c’est très bien comme ça. Un éléphant me regarde « c’est pas de la merde » Et j’en passe des Dutronc, Bashung, Aubert, Thiéfaine… Ça rassure les gens. C’est pas grave.

Et la plus flatteuse ?
Zsa Zsa Gabor
. C’est une actrice hongroise qui a fait les belles heures d’Hollywood, une poule slave façon « boa chinchilla » avec une voix grave un peu à côté. Quand Craig Silvey m’a dit ça j’étais ravi.

A quelle question ne répondras-tu jamais ?
Je ne sais pas.

Que pensent tes parents de ton métier ? de ta musique ?
Celle-ci.

Ton album sort dans un mois. On fait quoi un mois avant la sortie et on est dans quel état ?
C.’est très agréable. On essaie d’écrire de nouvelles chansons assis sur une chaise électrique.

Une grosse tournée française se profile à  l’horizon de 2008, comment envisages-tu cela ?
Ne pas trop réfléchir. Ne pas trop préparer. Ne pas trop planifier. Ne pas trop rentrer dans le jeu. Garder le plaisir de faire de la musique avec ses camarades. Et d’aller boire des verres après.

C’est Radical Prod qui s’occupe de tes dates. On pourrait imaginer un plateau Alister / Constance Verluca , ou un Alister / Naast ou carrément un Alister / Malajube ou Arcade Fire ?
Tout est possible. Même un plateau-fromage.

Quel est ton rapport à  la scène ? Qu’attends-tu justement de cette année ?
J’aime sortir de scène et me dire que j’ai été surpris par ce que l’on a fait. D’une manière ou d’une autre. Ne serait-ce que 3 secondes.

Tu as d’autres projets ?
Il faut vraiment que je finisse toutes ces nouvelles chansons, que je les trie et que je décide lesquelles je garde, lesquelles je file à  d’autres et lesquelles je jette. Et apprendre le Français.