Artiste atypique, Sébastien Tellier partage »Auteur de musiques sirupeuses gonflés à coups de boîtes à rythmes et de synthés dégoulinants » pour les uns (Sébastien Radiguet) ou »crooner doté d’un sens de la mélodie incroyable pour les autres » (Benoit Richard), le père Tellier a au moins le mérite de ne laisse personne indifférent comme en témoigne cette revue de concert à deux voix :
Nancy, L’autre canal, samedi 29 mars 2008
Depuis l’annonce de sa participation à l’eurovision, la curiosité ne cesse de grandir autour de Sébastien Tellier, personnage charismatique au look singulier qui était de passage à Nancy ce samedi 29 mars 2008 pour un concert, avec en premier partie les français de Principles of Geometry. l’occasion de se vérifier si Sébastien Tellier est bien le gars le plus cool de la pop française.
En guise d’apéritif c’est donc le trio Principles of geometry (auteur de deux albums remarquables sur le label Tigersushi) qui ouvre le bal avec leur électro breakbeat sombre, en ligne directe avec les musiques de films de John Carpenter auxquelles le groupe emprunte des sonorités, mais aussi quelques plans, dans un set appliqué plutôt bien fichu. Le trio se présente sur scène dans une formule assez simple mais assez habituelle pour ce genre de musique, à savoir un clavier, un laptop… et une batterie. Malgré le côté assez austère du truc, le groupe arrive, notamment par l’apport de la batterie qui donne un petit coté »krautrock » au set, à donner une réelle intensité à l’ensemble des morceaux joués ce soir-là .
Le plat de résistance, j’ai nommé le grand Sébastien Tellier, arrive quelques minutes après, accompagné de deux musiciens entièrement dédiés aux claviers (synthés, piano électriques »). Démarrant en douceur et guitare en bandoulière avec »Kilometer » (second titre de » Sexuality »), le barbu va ensuite enchaîner titres phares de son répertoire (« la ritournelle » »la dolce Vita »…), et bien sûr morceaux du dernier album qui, à chaque fois, déclencheront l’hystérie collective et principalement celle de la gente féminine qui s’est déplacée en masse pour acclamer le beau Séb.
Extrêmement décontracté, Sébastien Tellier a vite fait de gagner l’adhésion du public, le temps de balancer quelques vannes (assez drôles) dans un registre humoristique, à la fois absurde et totalement improvisé qui rappelle un peu les frasques d’Edouard Baer et que le public semble apprécier.
Totalement en nage sur la fin, Tellier finira même pas tomber le pull sur la demande express de quelques groupies surexcitées, laissant apparaître une bonne bedaine, sans doute le résultat de 15 années »sans faire de sport » comme il l’avouera à un moment entre deux titres.
Mais le temps fort du spectacle arrivera sur la fin avec l’interprétation de »la Ritournelle » puis de deux des titres les plus réussis de »Sexuality » à savoir »l’Amour et la Violence » et »Sexual Sportswear ». Saisissant.
On quitte alors la salle avec l’impression de s’être presque fait un copain, un type qui fonctionne en permanence sur le décalage qui existe entre ses romances pop aux textes futils et le côté »bonhomme » du personnage qui a aucun moment ne semble se prendre vraiment au sérieux.
Avec son humour, sa présence de crooner, son sens de la mélodie incroyable, Sébastien Tellier est en en train de devenir notre Burt Bacharach national »en attendant les paillettes de l’eurovision qui pourraient, pourquoi pas, lui réserver une belle surprise.
Benoît Richard
Le Havre, Cabaret Electric, Le Havre, 22 mars 2008
Davantage par curiosité que par conviction, je décide de ne pas faire l’impasse sur la date havraise du très médiatique et chabalesque Sébastien Tellier. Etant peu familier de la discographie du personnage, le pari relève de l’audace, voire de la témérité ; d’autant que les bribes du dernier album qui avaient sporadiquement traversé mes conduits auditifs avaient au mieux généré une moue dubitative, au pire de l’indifférence. Mais qui ne risque rien croupit dans l’ignorance, donc : acte !
Les préliminaires sont assurés par Cotton Clouds, un groupe dont le nom à lui seul en dit long sur leur langage musical ; lequel porte à merveille les qualificatifs de cotonneux, éthéré et nébuleux. Un batteur, un bassiste, deux guitaristes, un tritureur de sons au service d’une électro-pop qui fonctionne au ralenti, engourdit l’esprit, et sur laquelle vient se poser la voix suave d’une poupée de porcelaine sereine et souriante. Comme trop souvent chez les groupes francophones, le parti pris de s’exprimer dans une langue non héritée de leur mère s’accompagne de textes plutôt simples et gentillets. Un peu à l’image de leur musique qui peine à pleinement convaincre et surprendre, excepté lorsqu’elle se fait botter le cul à coup de décharges électr(on)iques et se fait remuer par quelques martèlements de fûts bienvenus.
l’allure décontractée, la mine sympathique et l’oeil pétillant, Sébastien Tellier a vite fait de mettre le public dans sa poche, à grand renfort de pics humoristiques décalés qui font office d’interludes (parfois l’humour est suspicieux et vicieux, et c’est très bien comme ça ; même si parfois ça fait flop). Petite parenthèse avant de rentrer dans le vif du sujet : « Sébastien, j’adore tes pompes, que jamais je n’aurais imaginées dissimuler un kyste purulent, celui-là même qui a pourri l’existence de ta mère par le passé. Comme quoi, même en matière d’orthopédie, les progrès sont fulgurants »
Entouré de deux compères bien sapés maniant les synthés, le musicien christique est surtout venu à titre promotionnel défendre son »Sexuality » moite à souhait, trempant allègrement dans les 80.’s synthétiques et superficielles. Qu.’il s’agisse de titres gonflés à coups de boîtes à rythmes et de synthés dégoulinants, ou de guimauves pianistiques au romantisme si surfait qu’il en perd toute crédibilité, pas grand chose ne m’interpelle. Au mieux, j’esquisse un sourire (parce qu’on peut voir dans sa musique comme dans sa personnalité, du décalé à gogo) ou un léger déhanché (merci à la demoiselle ayant réclamé »Sexual » titre daft-punkien ascensionnel, véritable rouleau-compresseur d’une efficacité sans faille ; mais constituant une trop maigre consolation au milieu d’un excédent de sucreries parfois indigestes). A l’évidence, le public aura été plus réceptif et remuant que moi, qui aurait volontiers troqué 90% des titres contre une bavette à l’échalote au Buffalo Grill du coin (tu aurais du tenir ta parole Sébastien), mon palais étant plus enclin à encaisser le salé, que mes oreilles le sucré.
Sébastien Radiguet
Photos de Nicolas Carlier
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La chronique de †œSexuality†
www.myspace.com/telliersebastien
le 5+5 de Sébastien Tellier