Conquis! Après avoir douté longtemps de la saison pop 2008, après une première écoute qui ne nous avait pourtant pas retourné, on change de discours et on lance sans crainte: voici un des sinon le premier album pop/rock indispensable de cette ligue musicale des champions.
On se fait une raison: l’histoire du rock ne sera apparemment plus fait d’innovation technique, formelle ou mélodique. L’avenir est à la ré-appropriation. La valeur d’un groupe se calculant du coup à l’harmonie née de la diversité des influences, ainsi qu’au nombre d’influences digérées dans cette fuite en avant perpétuelle.
Dans ce nouvel étalonnage, Vampire Weekend tire son épingle du jeu. Ici, l’harmonie naît dans une formule qui trouve son compte dans le dénuement: basse, voix, batterie en sont les trois fondements formels d’un groupe sans guitare.
Tout s’organise autour de ce postulat créatif. Influences et distribution des rôles. Distribution des rôles: la batterie occupe l’espace, martiale et groovante tout à la fois. Elle imprime le mouvement, comme le ferait chez d’autres, une bonne basse groovy. La basse glisse au poste de section rythmique, comme chez d’autres la Telecaster. Elle s’appuie sur un chant, centre avant qui hésite entre mélodie et appui rythmique, suppléant la basse, où elle ne peut aller. Et lui même est couvert par les arrangements (clavecin, piano, section de cordes…) devenant tête de l’attaque mélodique quand la voix soutient le rythme.
C’est bien beau mais un postulat ne fait pas forcément un grand disque… Ok, mais c’est là qu’interviennent les influences. Il y a ces cafards de Beatles façon Yellow submarine dans la faconde mélodique et un côté éternel ado croqué au cou, à l’arrachée, comme on s’en amusait chez Pavement. Il y a du ludique à choper une méthode de musique classique et le rendre pop sans tomber dans le Rondo Veneziano. On y repère aussi un timbre et un soupçon de world (les bongos ntt.) qui ne jurerait pas sur un album de Peter Gabriel. On croise le fantôme des plate-form shoes du glam rock et l’oeil lézard de David Bowie. On constate aussi, que c’est en lançant des pistes tous azimuths comme le jongleur ses balles, que Vampire Weekend trouve le rythme général et l’élan pop global de sa petite équipe (et on est presque tenté de convoquer la formule de Tv on the radio à la rescousse, mais dans une version contenant sans doute plus d’aspartame).
A l’issue du match que l’album joue avec nos oreilles, qui ont tenté au début d’adopter un 5-5-1 tout défensif, on s’avoue vaincu. Vampire weekend se fait fort de renverser notre système de jeu. Et laisse à notre équipe cérebrale, exsangue, le soin de regagner les vestiaires; où elle se repasse le match encore et encore: certain d’avoir joué contre forte partie, une compétition oú si les techniques sont connues, le système de jeu lui est totalement personnel et novateur. Affûtez les crampons en argent, c’est à vous maintenant de relever leur défi.
Denis Verloes
XL recordings /Beggars /Naîve
Tracklist
01. Mansard Roof
02. Oxford Comma
03. A-Punk
04. Cape Cod Kwassa Kwassa
05. M79
06. Campus
07. Bryn
08. One (Blake’s Got A New Face)
09. I Stand Corrected
10. Walcott
11. The Kids Don’t Stand A Chance
Date de sortie: 29 janvier 2008
Plus+
Le site officiel
L’espace Myspace
Les vidéos via Google
La video de a punk via Youtube (et aussi une des rares de l’album, avec guitare)