Artiste peintre fauché et incompris, dont les toiles ne se vendent pas, Salvatori se voit lors d’une soirée engagé par un étrange mécène qui lui propose un travail de commande : à savoir peindre des machines de guerres et de destruction. Etonné mais impressionné par la somme offerte, il accepte et commence aller laisser travailler son imagination…
Dès les premières pages, on est captivé par le dessin, le trait de crayon et les couleurs sépia de Jules Stromboni qui nous conduit directement au coeur de ce Paris du début XXeme alors en plein effervescence artistique où l’on découvre un drôle de peintre, plutôt miséreux, tout ça représenté dans un univers très réaliste. Et puis, au fil des pages, on sent le récit partir vers quelque chose de plus complexe, de plus noir, de plus en plus fantasmagorique qui rappelle, par certains aspects, le mythe Faust, avec le peintre Salvatori qui aurait vendu son âme d’artiste contre de l’argent afin de réaliser des oeuvres diaboliques ou maléfiques.
Et plus le livre avance plus l’impression de malaise et de fascination mêlés se fait ressentir. De la simple chronique sociale, le récit glisse vers fantastique, où l’on voit la folie s’emparer peu à peu de ce peintre alcoolique, rejetant sa compagne enceinte de lui pour ne plus faire corps qu’avec ses dessins de machines infernales.
Sur fond de guerre 14-18 presque imminente, »Le futuriste » est un livre aussi étrange que fascinant, un livre l’on sent autant l’influence de Jules Verne que de Zola et qui offre une belle réflexion sur la création en plus d’évoquer brillamment les artistes avant-gardistes de l’époque.
Benoît Richard
Le futuriste
Scénario : Olivier Cotte
dessin & couleurs : Jules Stromboni
Editeur : Futuropolis
56 pages – 13,75€¬
parution : mars 2008