La connerie a désormais son nom brodé en lettres d’or. Guidé par un Will Ferrell poséidonesque en looser ringard affublé d’une coupe buisson grotesque, Semi-Pro s’incline comme une comédie débile et assumée jusqu’à la saucisse (parlons comme Will Ferrell, il n’aurait pas dit mieux!). Le plus drôle chez ce comique injustement boudé en France, c’est son sens de l’auto-dérision, cette manière hilarante qu’il a de s’afficher comme un abruti complet, à côté de ses pompes, jouant de son physique de gentil nounours pour atomiser la ‘Star-attitude’ inhérente au domaine sportif, et bousculant au passage, avec férocité, les éléments secondaires qui l’entourent, comme par exemple le nombrilisme des commentateurs, qui prennent ici rapidement des chemins vulgaires déviant sur leurs histoires personnelles.
Il faut malheureusement reconnaître que, pour une fois qu’un film avec Will Ferrell (pour ne pas dire de Will Ferrell) est bien distribué en France, il s’agit d’un produit moins drôle et corrosif, moins burlesque mais plus vulgaire que ses précédents. Si la reconstitution du monde du basket-ball a quelque chose de jouissif, proche du pastiche et de la moquerie enfantine, et que la figure féminine, même si sa place est minime, est prise au sérieux, Semi-Pro manque d’une réelle épaisseur comique. On n’en voudra pas trop à la construction d’être simpliste, mais plutôt à l’alternance ennuyeuse du montage de venir annihiler beaucoup de gags ou d’idées trop maigrement exploitées, et ce dès le début (assez catastrophique il faut le dire). Le film devient alors vite inégal, mais ce fantastique goût de la bêtise, au fond peut-être plus intelligent que son apparente vulgarité le laisse présager (vision à explorer philosophiquement parlant), cette façon que le réalisateur a de se servir de la mise en scène en tant que gag elle-même, ce non-dit de pudeur qui s’affiche chez ce monstrueux comique, s’immiscant dans un rôle de façon héroîque à la recherche de l’effet divinement culte, font de Semi-Pro un divertissement paradant haut, très haut dans le paradis de la débilité, tout en sachant rester drôle et canalisé. Jamais la désignation ‘film de culte’ n’aura parue aussi bien placée…
Jean-Baptiste Doulcet
Semi-Pro
Film américain de Kent Alterman
Genre : Comédie
Durée : 1h30
Sortie : 14 Mai 2008
Avec Will Farell, Woody Harrelson, André Benjamin
La bande-annonce en VO :