Alors que Philippe fête ses 53 ans en compagnie de sa petite famille, il reçoit un coup de fil de son patron qui lui annonce son licenciement. Victime collatérale de la mondialisation et des délocalisations, Philippe ne peut que s’incliner devant la triste fatalité de son époque. Abattu par cette nouvelle, il sombre petit à petit dans une déprime qui va le conduire à la déchéance. Il devient alcoolique et traîne une allure de clochard après avoir perdu sa maison, saisie par un huissier de justice. Mais heureusement les amis sont là pour tenter de le sortir de la faillite morale dans laquelle il s’enfonce un peu plus chaque jour…
En prenant le parti de dresser le portrait d’une situation assez extrême , de grossir lun peu e trait, Jean-Pierre Gibrat a sans doute voulu dresser le tableau d’une époque de plus en plus individualiste et portée sur la réussite financière comme en témoigne le passage où le jeune patron de la pizzeria tombe en pâmoison devant l’intervention télévisée du nouveau président de la république récitant ses promesses électorales.
Mais plus que l’époque, c’est le portrait de ce quinquagénaire sans travail qui touche à la lecture de cette première partie. On appréciera les nuances apportées dans les rapports avec les autres, que ce soit avec son ami médecin ou avec ses enfants. Des personnages attachants qui font tout pour le sortir de sa léthargie chronique.
Bons sentiments, humour, message politique, on a envie de dire que rien ne maque à cette sympathique bande dessinée un brin manichéenne facile à lire, qui s’inscrit (pour son style graphique) dans une certaine tradition de la Bd franco-belge (ligne claire, simplicité, découpage précis, dessin passe-partout) et qui aura le mérite de toucher un grand nombre de lecteurs, soyons-en sûr.
Benoît Richard
Les gens honnêtes (tome 1)
Scénario : Jean-Pierre Gibrat
Dessin et couleurs : Christian Durieux
Editeur : Dupuis
Collection : Aire libre
64 pages couleurs – 14€¬
Parution : 20 août 2008