James Meek est romancier, mais aussi reporter de guerre. Un double emploi qui sied parfaitement au héros de son nouveau livre, lui aussi reporter de guerre et romancier. On le découvre au début de l’ouvrage dans ce dernier rôle, en 2002, dans un avion pour New York où il va signer un contrat d’édition pour un thriller commercial. Il espère aussi retrouver Astrid, qu’il a connu et aimé quelques années auparavant sur des zones de conflit afghanes.
Une Astrid fuyante et mystérieuse qui l’obsède depuis leur première rencontre, et qui l’empêche de vivre de saines relations avec ses proches, en Ecosse comme en Angleterre – d’où il vient de décoller après un mémorable dîner-dispute avec ses meilleurs amis.
Au cours de ce vol tumultueux, Adam Kellas va faire un premier bilan de sa vie, menée tambour battant, à chercher à la fois la gloire, l’amour, et la sérénité, quitte à se perdre soi-même. Et au fur et à mesure de ces flash-backs aléatoires, ces morceaux de vie disparates qui lui reviennent en mémoire, Kellas (et le lecteur) reconstruisent une vie en constant déséquilibre, toujours sur la brèche, aux limites de la folie et de l’implosion. Et, de là , la descente en trous d’air, et même la chute libre peuvent démarrer »
Récit exigeant, intelligent, mais parfaitement agencé, Nous commençons notre descente court plusieurs lièvres à la fois : saisissant documentaire sur le métier de journaliste sur les zones de guerre (magnifique passage où Kellas et Astrid, dans un char américain, décident de tirer sur les groupes de talibans), étrange roman social (les relations amicales et conflictuelles entre les protagonistes restent insaisissables) et superbe histoire d’amour insatisfait.
C.’est enfin un roman sur la quête de soi-même, réalisé avec une vraie maîtrise mais aussi une froideur très calculée qui peut déstabiliser. Un acte d’amour, le précédent roman de James Meek, était déjà impressionnant. Celui-ci confirme aisément ce sentiment.
Jean-François Lahorgue
Nous commençons notre descente
de James Meek
Métailié, collection »Bibliothèque écossaise »
336 pages, 21 €¬
Parution : septembre 2008.