Une réédition bienvenue chez Métailié, ce »roman graphique » imaginé par l’auteur Pierre Christin et l’auteure de bande dessinée Annie Goetzinger qui, revenue impressionnée d’un voyage à Buenos Aires, décide de dessiner cette fascinante ville dans une aventure qui mêle l’Histoire de celle-ci à sa musique sombre et passionnelle, le tango.
Paru en 1988, et ayant connu un vif succès, le tango du disparu évoquait la politique dictaotriale du gouvernement argentin après la chute de Perà²n, à travers le destin d’un joueur de bandonéon, Enrique Pracanico. Il décide, un soir, en entrant dans un bar et en écoutant un concert de tango, de créer un orchestre qui jouera plus tard les paroles d’un ami de Pracanico, le militaire Bähler, dont la femme Eva deviendra la maîtresse, à ses risques et périls…
A l’image du tango (je vous conseille de découvrir cet ouvrage avec une bande-son adéquate comme Astor Piazzolla…), le duo imagine une histoire lyrique et violente, où l’amour, la politique et la mort se côtoient et se défient. Dans une ambiance parfaitement retranscrite des heures noires de l’Argentine des années 50, celle des coups d’Etat et de l’instabilité, les personnages jouent de la musique, s’aiment et se haîssent, meurent ou deviennent célèbres, le tout illustré par de très beaux dessins au crayon noir.
Il manque peut-être à ceux-ci un peu de vie, de souffle, ils semblent un peu trop »figés » pour rendre compte de ces péripéties rythmées par la musique passionnée et extrêmement vivante qu’est le tango. Mais ne pas bouder son plaisir : Christin et Goetzinger ont réussi un très beau portrait d’une Buenos Aires en pleine effervescence créatrice et politique, et d’une Argentine fiévreuse et dangereuse. Remercions donc Métailié pour cette nouvelle découverte, grâce à une maquette parfaite, de ce remarquable roman dessiné.
Jean-François Lahorgue
Le Tango du disparu, de Pierre Christin et Annie Goetzinger
Editions Métailié, Hors Collection,
154 pages, 18 €¬
Date de parution : octobre 2008.