Pour ceux qui ont lu »Palomar City » de Gilbert Hernandez, »La Rivière empoisonnée » se situe chronologiquement en amont de ce livre puisqu’on y retrouve le personnage de Luba, l’un des principaux personnages de la série »Love & Rockets » dans ses années de jeunesse .
Tout aussi passionnant que »Palomar City » et »Locas » »La Rivière empoisonnée » nous plonge au coeur d’un récit dense et complexe dans lequel on suit les traces de la brune et pulpeuse Luba durant son enfance et les premières années de sa vie de jeune adulte. l’occasion pour Gilbert Hernandez de dresser un portrait de ce que peut être cette Amérique latine des années 50, 60 tourmentée par les dictatures et où la révolution sexuelle et culturelle semble bien en marche.
On y voit notamment comment la corruption et la répression gangrené le pays malgré la résistance d’en certaine frange de la jeunesse .
Et comme toujours dans Love & Rockets, on voit à quel point la fratrie Hernandez, dans ses récits, donne des formes généreuses aux corps mais également met en avant les relations humaines, la passion. Amitié, amour, haine, relations sexuelles »tout ici semble volontairement exagéré, presque caricaturé un peu d’ailleurs comme dans les mangas de Taniguchi ou de Keiji Nakazawa (Gen d’Hiroshima) dont on pourrait sentir ici une pointe d’inspiration, notamment dans certaines expressions des corps et des visages.
Bref, »Love & Rockets » nous offre avec ce troisième volet, un précieux moment de lecture… certes une lecture pas toujours facile, où les intrigues s’imbriquent les unes aux autres, une lecture qui demande du temps, mais qui incontestablement s’inscrit dans une bande dessinée, plus que jamais, proche de littérature classique.
Benoît Richard
La Rivière empoisonnée
scénario & dessin : Gilbert Hernandez
Editeur Delcourt/coll. outsider
188 pages – 17.50€¬
Parution : septembre 2008
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