Sertà£o, : région du Nordeste au Brésil caractérisée par une extrême aridité et peuplée de paysans miséreux, survivant principalement grâce à l’élevage. Chantée hier par Bernard Lavilliers – ce qui en soi ne constitue guère une gloire – la région sert aujourd’hui de cadre au premier film de Sandra Kogut. Mutum est une chronique familiale oscillant entre récit initiatique et vision documentaire.
Adapté d’une nouvelle de Joà£o Guimarà£es Rosa, dont l’essentiel de l’oeuvre prend place dans le Sertà£o, Mutum s’articule autour de Thiago, un garçon de dix ans, deuxième enfant d’une fratrie de quatre, souffre-douleur de son père, un paysan colérique et désespéré par sa situation, préférant la compagnie de son oncle. Avare de dialogues et d’actions, Mutum mise tout sur son personnage central, gamin indubitablement attachant car ressenti comme sensible et différent. Mais pour Thiago, le temps des jeux simples et innocents est près de prendre fin, un événement tragique venant en effet entériner le passage douloureux, mais incontournable, de l’enfance à une certaine prise de conscience.
Si on peut trouver à redire sur une trame chargée de sens, on est en revanche séduit par le traitement choisi par la réalisatrice. Ici tout est dans l’épure et l’économie de moyens, options idéales pour refléter la vie austère et démonstrative sans excès de cette famille de paysans. Il y a une sorte de fatalisme et de résignation à accepter les coups de sort, qu’ils viennent du ciel ou qu’ils touchent directement le coeur de la famille. Accablés de chaleur, les personnages font preuve d’une certaine indolence que seule la violence imprévisible du père semble pouvoir ébranler.
Pour Thiago, l’excursion d’un médecin venu chasser dans le coin pourra constituer une planche de salut que sa mère s’empressera de l’encourager à la saisir. A l’inverse de la sécheresse régnante sur ce désert poussiéreux et caillouteux, les sentiments authentiques affleurent et embellissent une existence spartiate et sans avenir. C’est cette approche respectueuse et sans misérabilisme qui retient le plus l’attention dans Mutum.
Patrick Braganti
Mutum
Film brésilien de Sandra Kogut
Genre : Drame
Durée : 1h30
Sortie : 7 Janvier 2009
Avec Thiago da Silva Mariz, Wallison Felipe Leal Barroso, Maria Juliana
La bande-annonce :