Par ces temps de crise internationale, où le capitalisme financier représente – à juste titre – tous les maux et dysfonctionnements de la planète, notre besoin d’analyse et d’appréhension des dérèglements systémiques reste vivace. C’est pourquoi le documentaire Let’s Make Money de l’autrichien Erwin Wagenhofer, déjà remarqué pour We Feed the World – le marché de la faim, un brûlot polémique et militant sur les mécanismes de la production alimentaire, retenait toute notre attention. En 2007, le documentariste avait séduit par son travail à la construction rigoureuse, multipliant les points de vue à travers le monde et n’hésitant pas à interviewer des sommités dans le domaine investi. Reconnaissant ses engagements et sa subjectivité, Erwin Wagenhofer n’en livrait pas moins un document clair et impertinent, notamment par les nombreuses questions qu’il suscitait.
Nous espérions donc renouer avec une démarche intellectuelle identique. Cela va sans dire, on se doute aisément que Erwin Wagenhofer ne va pas cautionner toutes les dérives actuelles et adhérer au cynisme des financiers qu’il interroge, ni verser dans l’angélisme de circonstance, rêvant à des jours meilleurs qui verraient la moralisation du système et la disparition des paradis fiscaux. Pas de naîveté, mais la volonté pugnace de démêler un inextricable écheveau, dont les nombreuses ramifications recoupent celles identifiées dans We Feed the World. L’entreprise de déconstruction, pour excitante qu’elle soit, n’aboutit pas complètement parce qu’elle souffre d’une trop grande dispersion des sujets abordés et, par ricochet, d’un manque criant d’approfondissement des thématiques abordées. Ce sentiment d’inachevé, pour ne pas parler de superficialité, provient probablement de la complexité du sujet, : le filmage de poulaillers industriels surpeuplés produit inévitablement un impact plus immédiat sur le spectateur que les discours cyniques et sans scrupules d’hommes d’affaires transfrontaliers.
Peut-être trouvons nous aussi le filmage peu inventif et répétitif, : on ne compte plus les plans en voiture, train ou avion. A l’inverse, d’autres paraissent s’éterniser sans réelle justification, comme dans la carrière au Burkina Faso. En un peu moins de deux heures, Erwin Wagenhofer finit par donner l’impression de vouloir trop embrasser, : de l’explication des incohérences d’un système planétaire qui profite au final à un cinquantième de la population jusqu’aux dommages collatéraux qu’il génère. Mais il n’est pas certain que montrer les SDF de Washington ou les travailleurs immigrés dans la péninsule ibérique enrichissent de facto Let’s Make Money, qui ne tire aucun bénéfice à exposer des images aux effets faciles et prévisibles.
Il faut attendre le dernier tiers du film pour découvrir l’enquête espagnole, : la vision des stations balnéaires créées de toutes pièces défigurant la côte méditerranéenne et ayant assuré jusqu’à présent l’essor du pays a quelque chose d’effrayant, presque de surréaliste. Néanmoins, là où Le Cauchemar de Darwin (2005) concentrait en un seul endroit la folie de l’humanité, Let’s Make Money pêche par excès et éparpillement. Et, du coup, prêche les déjà convaincus, échouant à expliciter pour d’autres les rouages, certes emberlificotés, de processus économiques dont ils sont pourtant des éléments.
Patrick Braganti
Let’s Make Money
Film autrichien de Erwin Wagenhofer
Genre : Documentaire
Durée : 1h47
Sortie : 15 Avril 2009
La bande-annonce :
2 étoiles à peine ? on s’en fiche un peu du caractère artistique,le fond vaut bien plus que n’importe quel film.
Pour une fois qu’il y a UN FILM qui montre la sauvagerie capitaliste du néo-libéralisme,initiée après guerre, dont les gouvernements ont bradés le pouvoir de battre monnaie. Mais les gens (99% de l’occident) sont complètement lobotomisés, esclavagés et écervellés, ne se rendent ils pas compte qu’il faudrait une REVOLUTION planétaire pour tuer le système financier actuel.
ce film unique et surprenant du fait qu’il soit diffusé (médias contrôlés) n’est pas prêt d’être colporté, amplifié, prêché à cause de la 10ème ligne (…lobotomisés…) et
l’EGOISME de l’homme aboutira à sa FIN