Petit à petit Mocky se forge une réputation personnelle. C.’est que le bonhomme s’est surtout fait connaitre au service des autres. Compositeur, arrangeur, musicien ou producteur ; ses amis Jamie Lidell, Feist, Gonzales ou Jane Birkin ne tarissent pas d’éloges, tandis que le grand public ne connait (ou pas) que sa qualité d’électro funk maniaque.
Saskamodie marque un tournant dans la production du bouclé musicien; et est à la fois un contre-pied de l’endroit où on attendait le musicien ainsi qu’une oeuvre somme, album concept pourtant plutôt gracieux que casse-couilles, chic qu’intello. Sans doute grâce une capacité à ne pas rendre l’ensemble sérieux, sans doute une once de magie évitant la trituration de neurone au profit de la seule classe. Les orchestrations de Gainsbourg ne sont jamais tout à fait loin. Les films de Lynch non plus. Mais Saskamodie ne saurait être rapproché de l’un ou de l’autre. A moins d’obliger ces deux univers à aller faire un tour du côté des nordiques Staffron Hakon ou de Olvis et vers la retenue soul/funk de Nathaniel Merryweather aka Dan the automator.
l’album a été réalisé à l’ancienne, enfermé au studio Ferber avec l’incontournable Renaud Letang, dans un esprit » musical » en forme de retour aux sources. Soit dénué d’électronique, mais avec une volonté de modernisme et une liste pléthorique d’instruments joués par Mocky, tentant de faire oublier n’importe quel sample. Et y arrivant haut la main, avec un petit surcroît de downtempo suranné ajoutant à la patine de l’ensemble.
On imagine son copain Gonzales se réjouissant de la démarche derrière son vrai piano à queue. On s’amuse à évoquer la tête du fan de Jamie Lidell – à l’univers proche des précédentes productions de Mocky – entendant débouler sur la platine ou dans le lecteur MP3, ce » classique rétro-futuriste, évoquant tour à tour une bande-son d’un film des années 60 70, un disque Jazz voluptueux (sans les solos) , une collection de ravissantes chansons sentimentales (souvent sans les paroles) ou encore un de ces vieux 33T ( » Mocky plays for lovers » ?…) destinés à faire fondre les âmes sensibles « . On est pas adepte de la retape de dossier de presse, mais pour une fois les termes ne nous semblent pas ni exagérés, ni moins bons que ce qu’on aurait pu pondre nous même. Alors on cite in extenso.
Tout est dit ? Sans doute. On a évoqué ici la genèse, le copinage d’ailleurs présent en coup de main sur l’album et la baseline du produit (qu’on a été jusqu’à repiquer au dossier de presse). On n’a rien oublié ? Si. Le charme. Parce qu’il ne se prend pas la tête, l’album évite de prendre la notre, et la lenteur de l’ensemble devient un charme langoureux, une preuve de grande classe. Saskamodie n’est pas de ces albums auxquels on peut prêter une oreille peu attentive. Il n’est pas non plus une de ces couleuvres conceptuelles que la hype essaie de nous faire avaler. Mocky, c’est du champagne, avec les bulles.
Denis Verloes
Tracklist
01. Music To My Ears
02. Little Journey
03. Birds Of A Feather
04. Golden Dream
05. Chubby Cheeks
06. Guiding Light
07. Saskamodie
08. Somehow Someway
09. Jiinti
10. Music To My Ears (Reprise)
11. Sleepy Time
12. For Pepecito
Date de sortie: 23 mars 2009
Label: Crammed / Wagram
Plus+
L’espace Myspace
Le site officiel
Le »mockumentary » accompagnant la sortie de l’album via Youtube