Christine Ott est bel et bien le genre de musicienne dont le nom apparaît au détour d’un livret sans que son nom marque les esprits (excepté de quelques maniaques du décryptage exhaustif des crédits) On la retrouve en effet dans les disques de Yann Tiersen, Dominique A., Radiohead, Stuart Staples, Syd Matters »
Il faut dire que Christine Ott est pour le moins précieuse puisqu’elle est une des dernières ondistes du monde, c’est-à -dire qu’elle joue des ondes Martenots, instrument électro-acoustique inventé en 1918 par l’ingénieur Martenot et ancêtre du synthétiseur. Aujourd’hui, Christine Ott sort de l’ombre et sort surtout son propre disque.
Il ne faudra pas voir en Solitude nomade un simple album entièrement dédié aux Ondes Martenot, comme une déclaration d’amour doublé d’une démonstration didactique des possibilités de l’instrument. D.’ailleurs, Ott choisit parfois le piano notamment pour l’autre rive, un titre en soliste qui n’est pas sans rappeler le nocturne Sylvain Chauveau. Sur Pensées sauvages c’est le violon qui prend le pouvoir, un violon tenu par Yann Tiersen.
Car Solitude nomade est aussi un album » à invités » : des musiciens classiques (violoncelle, contrebasse, vibraphone, percussions) mais aussi de la pop ou du rock avec Marc Sens, trublion de la guitare électrique ou Yann Tiersen. Ce qu’il faut comprendre aussi, c’est que si Ott, interprète de Messian, Varese, ou Landowki, a influencé les artistes qu’elle a accompagnés en faisant entrer un peu de musique contemporaine dans l’univers de la pop, la réciproque est aussi un peu vraie.
On peut imaginer en effet que son expérience dans la musique » rock » aura donné à Ott l’envie de ne pas faire un album par trop hermétique mais plutôt accessible et ouvert sur d’autres cultures et univers. Christine Ott invite donc Tiersen et Sens mais aime aussi emprunter un chemin de traverse pour l’Orient dans un voyage délaissant l’esprit pour le corps (Chemin vert) A ce titre, le morceau solitude nomade est un instrumental étonnant – et réussi ! – qui évoquera aussi bien Summertime, Debussy et la musique orientale sans pour autant devenir indigeste comme un loukoum. Certes, Solitude nomade est et demeure un album de musique contemporaine mais au final, on se laisse facilement séduire par ces dix instrumentaux touchants (exception faîte de l’ardu Déchirures).
Par nature, l’album est original grâce aux Ondes Martenot dont les sons étranges peuvent provoquer le trouble ou la rêverie (Tropismes ). Rappelons que cet instrument, en son temps, avait fait les beaux jours des films de SF. Ce son cristallin et pur pourra même donner, malgré lui, une touche japonisante pour un morceau en forme d’origami (Luciole) ou bien se confondre avec des voix de sirènes sur l’enchanteurLullaby. Au final, Solitude nomade est un album charmeur et charmant.
Denis Zorgniotti
Label : Mon Slip / Warner
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extrait d’un live avec Narcophony via Youtube