A l’heure où la première réunion de Blur depuis près de 10 ans a eu lieu, est-il encore opportun de parler de l’album de son ex-démissionnaire guitariste, du coup un peu beaucoup médiatisé (ben oui, même si les quatre y vont encore à leur corps défendant, on pressent bien que la réunion définitive n’est pas loin).
La réponse est oui. Et c’est d’ailleurs étrange qu’un album aussi abouti que the spinning top arrive au moment pile ou le guitariste banni à lunettes est plus présent dans la presse pour cette re-formation estivale que pour son opus cependant unanimement ou presque, admiré dans les chroniques que j’ai pu lire de ci de là .
Je me demande pourtant si l’album va vraiment bénéficier de l’aura qu’il mérite dans l’actualité. Ou s’il sera escamoté par les estivales prestations en bande. Parce que je m’avance sans doute beaucoup, et pour des raisons que j’aurais un peu de mal à expliquer, mais j’ai l’impression d’écouter avec the spinning top, un des tous bons albums de mon année musicale. Et j’ajoute dans la phrase suivante, que je suivais jusque là d’un oeil plus que distrait les albums solos du bonhomme. Certes, je trouvais sympathique son image musicale de guitariste perché, fan de rock US et de lo-fiseries à la Sonic Youth, de rifs énervés, d’histoire musicale américaine, de blues, de pop et de Pavement.
Mais je n’arrivais pas à sympathiser réellement avec ses disques, et du coup, ce nouvel opus est à la fois une bonne surprise, une preuve d’éclectisme, un résumé de l’histoire de la pop britannique des origines à nos jours autant qu’un rappel étrange des destins de Syd Barret, John Lennon et Nick Drake. Je sais je m’enflamme. Profitez-en c’est rare. Ca s’appelle un coup de coeur. Et du coup je lui en veux même pas à Graham, d’avoir squeezé notre interview en dernière minute.
The spinning top est un album débranché. Pas tout à fait, dans les faits, parce qu’on y trouve de temps à autres des envolées électrisées, en mode pop (d’ailleurs presque Blur-iennes). En tous cas un opus apaisé, et c’est ce qu’on en retient quand il se termine. Graham délaisse son penchant lo-fi pour un trifouillage de ses entrailles à la recherche de la simplicité et de la véracité. Mais comme Coxon connait très bien l’histoire musicale qui l’a amené avec ses trois acolytes tête de cons à la tête des charts, son essai revêt tout de même le caractère d’une démarche: brosser sur un album l’éventail de ses influences, de la folk à la ballade, des beatles aux Kinks, et des Kinks au blues américain puis à la pop brutitste des années 90 outre-Atlantique.
The spinning top se déguste comme on taperait dans un paquet de Quality Streets. Le genre de friandise qu’on ne penserait jamais acheter mais une boîte qu’on se surprend à vider en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Un certain préformatage sous les papiers argentés de couleur différentes mais un mélange de sécurité, de cocon protecteur et de saveur qui nous renvoie à notre jeunesse musicale et aux grands moments de notre parcours musicophile. On oscille entre douceur et mélancolie, caresse et tapage de pied foufou. Graham fait ici plus confiance à sa voix, qui remonte dans le mix. Il chante, ouvre son coeur et n’est même pas ridicule. On en redemande, même si je me rend compte que du coup l’album est plutôt de ceux qu’on écoute en solitaire dans le lecteur de promenade et pas forcément de ceux qu’on partage entre amis.
Normalement, pour être complet, c’est ici que je me mets à analyser les rebonds stylistiques au fil de l’album, que je repère par le menu, les influences ou que je suppute comment son travail avec Pete Doherty a pu lui re-donner le goût des mélodies où le duo guitare voix, en mode medium prend sons sens. Sérieux je n’ai pas envie, tant c’est le rapport tout personnel qui m’a le plus séduit au fil de l’album. Et puis… après avoir lu ce papier définitif sur Gonzaî, je me suis soudain senti redondant, dans tout ce que je pourrais avoir eu envie d’écrire au sujet de cet album. On s’incline. On se tait. Parce que je ne pense pas moins ni mieux. Et je ne peux que vous enjoindre à écouter et vous aussi vous laisser embarquer par un des projets solos les plus enthousiasmants qu’il m’ait été donné d’entendre ces derniers temps.
Denis Verloes
Tracklist
01 ‘Look Into The Light’
02 ‘This House’
03 ‘In The Morning’
04 ‘If’ You Want Me’
05 ‘Perfect Love’
06 ‘Brave The Storm’
07 ‘Dead Bees’
08 ‘Sorrow’s Army’
09 ‘Caspian Sea’
10 ‘Home’
11 ‘Humble Man’
12 ‘Feel Alright’
13 Far From Everything’
14 ‘Tripping Over’
15 ‘November’
Label: Ryko / Naîve
Date de sortie: 30 juin 2009
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La vidéo de sorrow’s army via Dailymotion
superbe album, d’accord avec toi. Touchant et original à la fois.