Partir

affiche_5.jpgSous couvert d’une histoire d’amour entre une bourgeoise, épouse d’un médecin nîmois, et un ouvrier en bâtiment, Catherine Corsini met en scène les affres de la passion, mais aussi les conséquences matérielles d’une décision consistant à  tout quitter. Partir, donc. Pour la belle Suzanne, rien n’était prématuré, : une vie bien rangée autour de Samuel et de ses deux enfants, un projet de reprendre son activité de kiné semblaient la mettre à  l’abri d’un virage à  180,°. Il a seulement fallu qu’Ivan, ouvrier espagnol payé au noir, travaille sur le chantier du nouveau cabinet de Suzanne pour que l’équilibre, dont rien ne supposait la fragilité sous-jacente ou la force artificielle, soit rompu.

Partir se divise en deux périodes, : d’abord, la rencontre, puis le coup de foudre, entre Suzanne et Ivan, puis, une fois l’incartade confessée par la coupable elle-même, incapable de mentir, les déchirures du couple officiel et le retour aux dures réalités, ou comment Suzanne peut-elle envisager de passer d’un statut de grande bourgeoise, épouse d’un notable de surcroît, à  celui de clandestine, maîtresse d’un ancien taulard, qui ne lui offre que l’amour comme perspective d’avenir.

Le premier volet n’a rien d’enthousiasmant et ses différentes péripéties paraissent bien prévisibles, : accident causé par Suzanne entraînant l’invalidité temporaire de Ivan, voyage en Espagne pour rendre visite à  la fille de ce dernier. Rien de très novateur, juste Catherine Corsini choisit-elle de filmer le premier baiser en plan très large. Lorsque le mari, un ponte local, suffisant et arrogant – un tel parfait con qu’il en devient caricatural – entre en scène, les choses se gâtent pour Suzanne. Finie l’activité noble de masseuse, voici venir le temps du tri des melons. A nouveau rien de très crédible dans cette métamorphose, et on n’appréhende que de très loin et de façon très convenue les atermoiements d’une femme si passionnée qu’elle soit prête à  tout renoncer. Pour ne pas faiblir, Partir recourt à  la diversification, : l’ancienne occupante des lieux accapare les tableaux et autres bijoux durant l’absence de son mari. Tout ceci n’augure rien de bon.

Par le passé, Catherine Corsini nous a offert quelques beaux personnages de femmes, sachant conjuguer le macabre au léger, tout en révélant un regard acéré sur les milieux qu’elle investissait – comme ce fut le cas de celui de l’édition dans Les Ambitieux (2007). Ici, il aurait fallu s’intéresser davantage au personnage de Samuel, en ne l’enfermant pas dans l’archétype, et mieux analyser la signification de l’attitude de son épouse pour un homme habitué à  être obéi et, peut-être, à  traiter celle-ci comme sa chose. Alors que La Répétition, le meilleur long-métrage de la réalisatrice, déployait une large palette d’émotions contradictoires et complexifiait du coup ses deux héroînes, Partir ne s’éloigne jamais des schémas attendus et ne scrute pas assez l’intériorité de ses personnages. Certes, l’actrice anglaise est très juste dans sa composition, marquant les étapes successives de son état par les stigmates physiques qu’elles finissent par laisser sur son visage. Mais le parcours est décidément trop connu et trop jalonné pour que nous y trouvions encore des surprises.

Partir est donc, au final, d’une banalité consternante – on frôle l’indigence pour être totalement honnête – que ni la belle photographie d’Agnès Godard, ni la lumière estivale du Sud ne parviennent à  faire oublier. Il ne suffit donc pas de recycler les musiques de Georges Delerue écrites pour Truffaut (La Femme d’à  côté) pour se hisser au niveau du réalisateur de Vivement Dimanche, !

Patrick Braganti

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Partir
Film français de Catherine Corsini
Genre : Drame
Durée : 1h25
Sortie : 12 Août 2009
Avec Kristin Scott Thomas, Sergi Lopez, Yvan Attal,…

La bande-annonce :

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