Comme je l’ai lu sur le blog de Benoît je crois, les sorties annuelles du plus célèbre des folkeux auvergnat finissent par moi aussi me lasser. Mention spéciale pourtant a cet album qui convoque souvent, sans l’attraper toujours, l’esprit de Mustango.
Non sérieux moi je ne suis pas muratophile au point d’avoir besoin d’une annuelle livraison Monsieur Bergheaud pour me sentir bien. Pas besoin de ma ration périodique de caresse vocale nonchalante pour passer des journées tranquilles a dire du mal du système, de l’atmosphère médiatique ambiante et mon attraction pour les Femmes. Néanmoins le cours ordinaire des choses accroche de temps en temps mon oreille, raison suffisante pour que j’aie envie d’en parler.
Mon tympan a d’ailleurs toujours été critique a l’endroit de Murat, lui reconnaissant une indéniable capacité a explorer différents territoires musicaux mais aussi a y installer un peu trop régulièrement son usuel chevalet: et le chevalet chez Murat c’est un timbre monocorde et une manière de chanter trainante ainsi que le goût parfois immodéré pour la sonorité de la langue au détriment du sens: voguer de proche en proche aux confins de l’écriture automatique.
C’est d’ailleurs cette habitude formelle qui me casse le plus les cerises au fil du nouvel album, sur les titres en roue libre, pour un disque qui sinon est plutôt bien torché. Le cours ordinaire des choses touche la réussite totale, épisodiquement: mélange d’efficacité mélodique, de technicité musicale, de mnémotechnique pop, et de paroles à chanter. Pas tout le temps. Mais heureusement l’ensemble reste étonnamment digeste.
Il faut sans doute voir dans l’exil américain la clé de la bonne facture sonore générale de ce nouvel opus. En pleine crise du disque et de fuite en avant du modèle économique de la musique, Murat investit dans un studio et des musiciens du studio Ocean Way à Nashville pour la réalisation de son annuelle galette. Et ca lui réussit plutôt bien. Enfin disons que sur moi, la sauce finit par prendre sur une grosse moitié de l’album. Et que je parviens à faire fi de la »méthode Murat » plus souvent qu’à l’accoutumée, pour me laisser porter par plusieurs titres sinon tout l’album.
J’aime le retour d’une guitare rock en riffs autonomes sur comme un incendie qu’on se surprend rapidement à chantonner. J’aime le trainant calexico-ien vs Dolores falling in love again avec son choeur féminin. Je fais abstraction de l’abscon M le maudit pour ce que je parviens à ne plus écouter les paroles française pour me laisser choper par le rythme rock simple et efficace. Chanter est ma façon d’errer , lady of orcival, 16h00 qu’est-ce que tu fais me laissent de marbre, néanmoins soutenus par les arrangements ciselés ou la seconde voix féminine. Un sentiment diffus pour ne pas dire touffu ou étouffant, que Murat condense ensuite sur Ginette Ramade parfait résumé du versant murmurant de l’artiste, servi par des sonorités idoines jouant de l’efficacité technique des musiciens de studio. La mésange bleue et sa steel guitar renvoient immédiatement à l’époque Mustango dont on la dirait envolée, bon effet de nostalgie.
Comme un cowboy à l’âme fresh est sans doute le single le plus pop de l’album. Avec son gimmick vocal un peu neneu, il s’insinue dans mes neurones pour ne pas le lâcher la journée durant, joliment servi par un violon primesautier et les images d’Epinal du square dance américain. J’oublie la tige d’or aussi vite que je l’ai écoutée, et regrette que l’album s’achève sur cette Taîga en demi teinte. Deux titres finaux, qui rappellent que souvent Jean-Louis se laisse aller à faire du Murat à la Murat, écoutée sur une demi douzaine d’albums, pour les fans qui y repèreront sans doute plus que le joli violon et la steel guitar, plus que l’efficacité des instruments derrière les ballades en forme de demi redite…
Et quand on se quitte, l’album de Jean-louis et moi, c’est pour se rendre compte qu’il porte en fait bien son nom ce nouvel opus. Le cours ordinaire des choses, dans le monde de Murat au 21e siècle, c’est l’habitude d’un album par an environ. Un album où on trouve à boire et à manger, au gré des saisons ou des univers abordés au gré des annuelles parutions. Resté insensible au précédent opus, je suis plus réceptif à certaines des nouvelles chansons du cowboy auvergnat en vacances. Et ne peut m’empêcher de penser que chacune de ses parutions gagnerait à plus de tri. Qu’avec deux albums on en ferait un très bon, et que ce serait bien suffisant à tout qui ne serait pas tombé dans quelque forme de muratomanie. Mais à choisir d’en prendre un sur deux, je conserverais peut-être bien celui-ci.
Denis Verloes
Tracklist
01. Comme Un Incendie 5:41
02. Falling In Love Again 4:45
03. M. Maudit 2:56
04. Chanter Est Ma Façon D’Errer 4:22
05. Lady Of Orcival 4:31
06. 16h00 Qu’Est-Ce Que Tu Fais? 3:42
07. Ginette Ramade 3:28
08. La Mésange Bleue 6:09
09. Comme Un Cowboy A L’Ame Fresh3:08
10. La Tige D’Or 5:29
11. Taîga 5:00
Date de sortie: 21 septembre 2009
Label: V2 / Universal
Plus+
Le site officiel
L’espace Myspace
Les vidéos via google
L’EPK de comme un incendie via Dailymotion et basé sur le film de Laetitia Masson dédié à l’enregistrement
Jean-Louis Murat – Comme un incendie (extrait)
envoyé par Jean-Louis-Murat.,
Merci de défendre JLM
Ci joint le lien d’un modeste blog qui lui est consacré
http://didierlebras.unblog.fr/