Comme à l’accoutumée, il faut un film expérimental auquel personne ne comprend rien dans la sélection officielle du festival de Cannes. Cette année, Visage était l’élu en faisant office de poème barbant et trituré.
De sa longueur extrême (2h20 qui en paraissent beaucoup plus), émanent alors de nombreux questionnements. Quel rapport y-a-t-il entre le pathétique abattage d’un Jean-Pierre Léaud qui tente son 401ème coup, Fanny Ardant qui cherche sa précieuse chaussure dans la neige artificielle et la fuite d’un évier dans un appartement? Quel lien y-a-t-il entre une fellation entre hommes dans des buissons et un cerf qui se reflète dans des miroirs posés contre des arbres? Pourquoi Laetitia Casta doit-elle encore montrer ses seins dans ce qui ressemble à des clips pour Chanel, tandis que Jeanne Moreau attend les invités d’un dîner mystérieux ?
On ne comprend rien de rien à cet interminable pensum dédié aux intellos camés, véritable énigme dont les clés n’existent pas sinon qu’il faut avoir des seringues dans le bras pour y déceler le moindre sens. Sans non plus investir les territoires de la sensation, Visage n’est qu’une succession de tableaux admirablement cadrés, seul talent d’un Tsaî Ming-Liang moins artiste que poseur sans parole. Son oeuvre en devient d’une effroyable inanité, dénuée de sens comme d’intérêt. Une coquille vide que l’on voudrait fuir tant elle est ennuyeuse et figée dans sa propre admiration. La conclusion est simple : on ne comprend rien car il n’y a tout simplement rien à comprendre. Rien ne sert d’aller méditer plus en avant sur l’aspect spirituel et symbolique de ce musée infernal dans lequel le mauvais goût de l’image et du flot de citations se morfond sur du toc arty moulé dans de l’art déco tendance. Une impasse contemporaine.
Jean-Baptiste Doulcet
Visage
Film français, chinois de Tsai Ming-liang
Genre : Comédie dramatique
Durée : 2h21
Sortie : 4 Novembre 2009
Avec Fanny Ardant, Laetitia Casta, Jean-Pierre Léaud,…
La bande-annonce :