On sait gré au Festival de Cannes d’avoir créé un palmarès dédié aux meilleurs premiers films, et ainsi révéler par une Caméra d’Or ou autres prix spéciaux des talents en germe. Avec Hunger l’année dernière, Cannes pouvait s’enorgueillir d’avoir trouvé en Steve McQueen un grand cinéaste définitivement à classer parmi les futurs monstres du cinéma.
Cette année, Samson & Delilah conte l’aventure sentimentale et sociale de deux aborigènes qui décident de fuir leur village où règnent misère et famine. Warwick Thorton tourne autour de la romance et du road-movie et tire une force saisissante de la description d’un peuple trop rarement représenté dans le septième art. La prévisibilité du récit compte moins que la justesse apportée aux détails et à l’efficacité de la dramaturgie, révélant ainsi deux jeunes comédiens à la spontanéité extraordinaire dans leur large champ de jeu. Le tour de force du film trouve son origine dans la multiplicité de rôles que déploie le metteur en scène, aussi scénariste et remarquable directeur de la photo. Cette dernière évoque avec finesse la fin de l’innocence et l’entrée dans un monde plus obscur et violent, passant des couleurs chaudes et conviviales à une épure beaucoup plus froide et nocturne.
Dans la sensualité de l’image, Samson & Delilah trace le chemin de deux laissés-pour-compte abattus par une série de malheurs, toujours relevés par la dignité et l’amour. L’injustice ne devient qu’un grand obstacle affaibli par la force de communication entre les êtres humains. On pourra longuement discuter sur l’optimisme un brin pataud du final, Samson & Delilah n’en demeure pas moins une oeuvre délicate et humaine, pas si émouvante qu’elle aurait pu l’être mais toujours sincère, et inédite – non pas dans son approche mais dans le contexte culturel sur lequel elle fonctionne.
Jean-Baptiste Doulcet
Samson & Delilah
Film australien de Warwick Thornton
Genre : Drame
Durée : 1h41
Sortie : 25 Novembre 2009
Avec Rowan McNamara, Marissa Gibson, …
La bande-annonce :