De plus en plus rares, les westerns apparaissent aujourd’hui comme un genre poussiéreux et patriotique, ce que les cinéastes actuels comptent bien changer. L’assassinat de Jesse James de Andrew Dominik portait déjà en lui une langueur et une poésie qui définissent très bien le renouvellement total et l’annihilation des codes habituels que l’on trouve dans le western contemporain.
The Proposition, qui sort enfin en salles après quatre ans d’attente et ce grâce à la distribution grand public de La Route du même cinéaste, participe entièrement de cette refonte d’un genre quasi-oublié. Rugueux et implacable, le film s’éloigne des valeurs bien-pensantes en abordant avec pessimisme la thématique de la famille et de sa déconstruction (que l’on retrouve justement dans La Route, développant une noirceur et une violence sèche qui font écho au bruit des balles. L’importance dramaturgique de chaque personnage s’oppose à l’évolution très minimaliste du script, saisissant par là même une véritable pyramide de mentalités dans un désert à la chaleur accablante qui ressemble, sous la torpeur qui l’inspire, au scénario.
Les plusieurs facettes et questionnements moraux de chacun prennent le dessus sur un développement souvent laborieux. Celui-ci entraîne quelques longueurs sur un tempo lent mais la fièvre mystique qui se dégage des plans, les merveilleux décors appliqués à la psychologie des personnages et la musique planante de Nick Cave viennent en permanence justifier les reflets hypnotiques de cette oeuvre à la réalisation parfaitement maîtrisée, mais parfois un peu piégée par les redondances stylistiques et paresseuses de son scénario.
Jean-Baptiste Doulcet
The Proposition
Film britannique, australien de John Hillcoat
Genre : Western
Durée : 1h44
Sortie : 16 Décembre 2009
Avec Guy Pearce, Emily Watson, Ray Winstone,…
La bande-annonce :