Depuis plusieurs années la plupart des grosses maisons d’édition publient, avec plus ou moins de réussite, mais souvent pour notre plus grand plaisir alternativement des oeuvres du maître mangaka Osamu Tezuku, publiées au cours du siècle dernier.
Avec »La femme insecte » on se rend compte, une fois encore, de toute l’étendue et de la diversité du talent du père du manga à travers un livre dans lequel il propose une critique de la société des années 70 au Japon à travers le portrait d’une femme manipulatrice.
Cette femme c’est Toshiko Tomura, à la fois auteur, comédienne, designer, elle a l’art de réussir tout ce qu’elle entreprend. Mais derrière la façade, derrière le visage angélique de cette superbe blonde se cache une formidable manipulatrice, capable de pousser au suicide ceux à qui elle vole leur talent et leurs créations.
Si l’histoire de cette femme insecte n’est pas aussi romanesque et captivante que »L’histoire des 3 Adolfs » (sans doute son chef-d’oeuvre), elle n’en est pas pour autant inintéressante avec un récit où Tezuka mélange les genres. Un récit en forme de critique sociale et où le pessimisme va bon train. Tezuka y montre des personnages, la plupart des hommes, sans scrupule, prêts à tout pour gravir les échelons, avec au milieu, cette femme insecte, capable des pires atrocités pour exister et elle aussi être quelqu’un dans ce monde de domination masculine.
Sans être forcément le plus passionnant des livres de Tezuka, »La femme insecte » n’en reste pas moins un livre prenant, bien écrit, qui s’inscrit dans les récits les plus adultes écrits par Tezuka. Un roman graphique qui se lit sans difficulté mais qui, a mon sens, ne constitue peut-être pas la meilleure porte d’entrée pour découvrir l’oeuvre foisonnante du père d' »Astro Boy ».
Benoît Richard
La femme insecte
Scénario & Dessin : Osamu Tezuka
Editions Casterman / collection Sakka
Format : 15 x 21 cm, 368 pages Noir & Blanc
Sortie : 14 octobre 2009
Prix : 15,00 €¬