Avatar

affiche_10.jpgC’était le danger d’une telle entreprise : décevoir tant les attentes sont immenses, jusqu’à  couler en partie le projet dans sa propre démesure illustrée par un budget pharaonique et des développements titanesques. James Cameron, que l’on connaît justement pour son sens du spectacle et la massivité de ses productions, a au moins eu le mérite ici, par la grâce de sa réalisation et de son équipe technique, d’ajouter une pierre conséquente à  l’édifice du procédé de la troisième dimension en y faisant des apports crédibles qui, indéniablement, tiennent du tour de magie.

L’atmosphère qui se dégage de cet univers peuplé de mythologies et empreint de différentes cultures a de quoi séduire les plus récalcitrants en terme de film fantastique. La modélisation de la forêt est d’une profondeur et d’une véracité extrêmes, donnant enfin l’impression de voir abouti sur grand écran ce qu’une démo de jeu vidéo peine à  transcender, à  savoir la sensation à  tout moment d’être intégralement propulsé dans un monde parallèle pour pouvoir y suivre l’action et avoir la possibilité de toucher chaque détail autour de soi. Le progrès en matière de techniques virtuelles se ressent pleinement dans le film de James Cameron au point qu’il offre à  Avatar d’anthologiques séquences de beauté, dans ses teintes, ses textures et ses trouvailles en tous genres.

Malheureusement, les lunettes en moins, le film est la face opposée de toute cette démonstration qui ne saurait concerner autre chose que l’unique pouvoir du film, à  savoir son esthétique révolutionnaire. La platitude du script (mélange de Nouveau Monde, Danse avec les loups et Matrix dont les plagiats ne sont même pas cachés), qui renoue avec cette vague de cinéma écologique d’une naîveté affligeante, ne jure que par le manichéisme de ses situations prévisibles et de ses personnages, caricatures momifiées par le temps qui passe ; il est étonnant de se rendre compte qu’après plus de cent ans d’histoire du cinéma, la technologie nouvelle, ébouriffante et sensationnelle comme chacun le sait, repose sur des bases systématiques et inchangées, à  savoir les bons, les méchants, et un schéma psychologique qui reprend, à  peu de choses près et dans un univers bien différent, la simplicité sommaire d’un film de Laurel & Hardy.

James Cameron privant son spectacle de tout second degré, l’exaltation s’en retrouve divisée, à  la fois entre le rêve que propose ce monde nouveau que l’on voudrait revivre aussitôt, et la bêtise enfantine du récit. Les invocations chamaniques, les sentiments mièvres, les ridicules présences de méchants, les longueurs et la musique assourdissante de l’insupportable James Horner aplatissent de plus belle cette épopée peu crédible sur la vie et l’amour par procuration. Décidé à  en faire une énorme machine du futur, James Cameron a dû s’obliger à  contenter différents mouvements et appliquer à  la lettre les éléments demandés ; en ressort une soupe new-age au mauvais goût de Pocahontas semi-live, uniquement porté par la force sidérante (le mot attendu est là , tout de même) de ses images et de son monde sans frontières. Mais loin de là  un film personnel comme on voudrait le laisser paraître…

Jean-Baptiste Doulcet

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Avatar
Film américain de James Cameron
Genre : Science-fiction, Aventure
Durée : 2h41
Sortie : 16 Décembre 2009
Avec Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigorney Weaver,…

La bande-annonce :